Après quelques années sur les planches, tout d’abord en compagnie d’Elaine May avec qui il forma un duo comique à succès à la fin des années 1950 puis en tant que metteur en scène, c’est en 1966 que Mike Nichols commence sa véritable carrière de réalisateur aux effets contrastés et à la verve satirique frôlant souvent avec l’hystérie verbeuse que son premier film, Qui a peur de Virginia Woolf ?, peine à outrepasser.
Tout au long d’une filmographie s’étendant sur plus de quarante ans, force est de constater que beaucoup des œuvres de Mike Nichols comportent les mêmes défauts : tendance à la mollesse académique dans Working Girl ou Bons baisers d’Hollywood, verbiage sentimental faussement sulfureux ou politisant (Closer, entre adultes consentants et La Guerre selon Charlie Wilson)… et pourtant… pourtant…
Il y eut Le Lauréat. Réalisé en 1967, il est l’un des premiers films représentatifs du changement social et culturel des années 1960 aux États-Unis. Porté par un acteur alors inconnu et imposé par Mike Nichols, Dustin Hoffman, et les chansons de Simon et Garfunkel, le film a conservé sa fraîcheur douce et amère ainsi qu’une force certaine dans le remarquable portrait d’une classe moyenne américaine en déchéance.
La mort de Mike Nichols est donc, pour beaucoup de cinéphiles et à raison, d’abord la disparition du réalisateur du Lauréat, qui a su dépasser cette année-là le simple film générationnel et a réussi à faire oublier par la suite quarante autres années de cinéma moins convaincant.