Les films de la série Sex & Zen ont acquis en France un statut bien particulier : films cultes, ils n’en sont pas moins méconnus du grand public. HK Vidéo compte rectifier le tir, en publiant un coffret luxueux, regroupant les deux premiers volets de cette saga délirante. Sexe, oui ; zen, on cherche encore.
HK Vidéo a réservé à son coffret Sex & Zen un traitement digne des plus grands chefs-d’œuvre de sa collection. Celui-ci renferme deux somptueux digipacks, un livret de 16 pages richement illustré et documenté, avec un texte de présentation signé David Martinez et les biographies des deux actrices principales, ainsi qu’une série de photos au format carte postale et un mini-poster. En guise de bonus, on ne trouve en revanche sur les DVD qu’une sélection de bandes-annonces du catalogue HK Vidéo.
Sex & Zen et sa suite sont considérés en Asie comme des films appartenant à la catégorie 3, et sont de ce fait interdits aux mineurs. Ils ne contiennent cependant aucun contenu pornographique, dans la mesure où les scènes de sexe sont suggérées, et sont plus à ranger dans la catégorie érotique.
Adaptations de classiques de la littérature érotique asiatique, ici en l’occurrence Jeou Pou T’ouan de Li Yu, un auteur du XVIIe siècle, les deux films font également des références directes à des productions cinématographiques hongkongaises de l’époque, A Chinese Ghost Story et le magnifique The Lovers de Tsui Hark.
Réalisé en 1991 par Michael Mak, le premier film suit le parcours d’un jeune étudiant bien marié, qui se trouve dans une situation intolérable : intelligent, beau garçon, il n’en demeure pas moins complexé par la taille minuscule de son sexe − situation d’autant plus intolérable que son valet est mieux membré que lui. Il décidera de remédier à cette injustice après qu’un bandit de grand chemin lui refuse son aide tant qu’il ne sera pas aussi bien monté qu’un cheval. Chose dite, chose faite : notre gentilhomme va se faire sur le champ greffer une prothèse chevaline par un chirurgien de génie. Dorénavant monté comme un cheval, notre héros va se mettre en chasse, usant de techniques de drague pour le moins finaudes et imparables (« Vous me faites penser à une fleur délicate plantée dans une bouse de vache » l’entend-on s’exclamer, plein de bonnes intentions, à une jeune femme à qui il déclare sa flamme). Mais la morale est sauve, et le jeune époux infidèle finira par s’apercevoir que sa magnifique femme (l’actrice Amy Yip, dont la poitrine généreuse a beaucoup contribué au succès du film à Hong Kong) a été engagée dans le plus prestigieux bordel du pays.
Si les scènes de sexe sont gentillettes (rien d’explicite ici), elles n’en sont pas moins complètement délirantes, dans les situations et les positions qu’elles montrent : il faut voir notre héros obligé de grimper sur une échelle pour faire l’amour, tant son sexe est long. La folie de certaines scènes est telle qu’on se demandera légitimement si elles n’ont pas servi de sources d’inspirations pour les scènes oniriques du Big Lebowski des frères Coen.
Surfant sur le succès du premier film, un second Sex & Zen est sorti en 1996, cette fois réalisé par Chin Man-Kei. Moins inventif (et surtout beaucoup moins drôle) que son prédécesseur, on y suit les aventures d’un macho débile nommé Chien et de sa famille (deux enfants et trois épouses), aux prises avec un monstre qui absorbe l’énergie des hommes en leur faisant l’amour. Pour son premier rôle au cinéma, la magnifique actrice Shu Qi incarne ici le double rôle de la créature monstrueuse Dame Mirage et de Jade, une fille de paysan mariée de force au fils de Chien, qui n’a en commun avec son père qu’une profonde débilité. En pompant l’énergie de ses partenaires masculins, elle en devient à la fois femme et homme, yin et yang, ce qui semble justifier l’emploi du terme « zen » dans le titre du film.
Suite oblige, on retrouve dans ce deuxième volet des clins d’œil à certaines scènes marquantes du premier. Il y sera par exemple une nouvelle fois question d’ intervention chirurgicale farfelue : cette fois, un personnage se fera greffer un sexe mécanique, qui, en plus d’éjaculer, sera capable de projeter de la fumée, pour créer une ambiance romantique.
Cependant, à la vue de ces deux films, un constat s’impose : inférieur en tous points de vue au premier film de la saga, Sex & Zen 2 vaut surtout pour la présence de la ravissante Shu Qi, devenue depuis l’actrice fétiche du cinéaste taïwanais Hou Hsiao-Hsien.
Un troisième et ultime volet, réalisé par Aman Chang, sortira en 1998. Moins réussi, car dénué de la folie qui faisait le charme des deux premiers, HK Vidéo a en toute logique décidé de ne pas le sortir dans le coffret, préférant la qualité à l’exhaustivité.