Quoi de mieux pour un compositeur de glam rock frustré que d’aller se reposer dans un sanatorium dont il ne sait strictement rien, au milieu de la campagne anglaise, sur un coup de tête, juste parce que l’agence qui le promeut est nommée « Hairy Holidays » (coup de chapeau, en passant, aux traducteurs qui traduisent ce nom en « Vacances au poil ») ? Rien, c’est assurément la chose à faire – et tant mieux si cela procure l’argument nécessaire à un déchaînement absurde et grand-guignolesque.
Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Nous sommes à peine aux premières lignes de cette chronique et, déjà, l’ombre de l’ironie point ? Il faut dire qu’Horror Hospital prête volontiers le flanc à l’ironie – à croire que ce serait volontaire… Nous sommes donc en présence du diabolique docteur Storm, savant fou interprété par Michael Gough, qui ne manque pas une occasion de laisser échapper un rictus sinistre, une phrase grinçante, voire de raconter son Plan Machiavélique pour la Domination Mondiale à ses prochaines victimes.
Un méchant de serial bien dans la tradition, donc, flanqué de sa maîtresse rude et sèche, de son nain (qui est le vecteur d’une kyrielle de gags absolument pas politiquement corrects) et de sa troupe de zombies bleutés à qui il peut – tremble, monde libre, tremble ! – ordonner de faire des exercices physiques à volonté. Alan Watson et Antony Balch au scénario (Balch réalise également) s’amusent fort à donner dans l’outrance la plus absurde, au mépris de la plus élémentaire cohérence narrative. Cet enthousiasme rapproche Horror Hospital du Frankenstein Junior de Mel Brooks, dont il serait le versant foutraque et délirant, là où Brooks soigne et cisèle à l’évidence ses clins d’œil et ses références.
Si l’effet catalogue hétérogène de références ne fait jamais un film, l’humour omniprésent – et d’une rudesse rafraîchissante, en ces temps de rigolade policée – voulu par les scénaristes et la performance superbe de Michael Gough légitiment largement l’acquisition du DVD de Horror Hospital. Très prolixe, Alain Petit offre, dans les bonus, la possibilité de replacer le film dans son contexte artistico-historique (le film est tout de même sorti la même année que les somptueux Théâtre de sang et The Wicker Man) et la bande-annonce est, en soi, une leçon de cinéma qui mérite d’être découverte – toujours, certes, avec un peu d’ironie, mais également avec beaucoup de bienveillance pour ce qui demeure un véritable film d’amoureux du cinéma de genre.