En mai 2008, lorsque le jury cannois présidé par Sean Penn a décidé d’honorer Entre les murs d’une Palme d’Or, tout le monde s’est félicité du retour du cinéma français sur le devant de la scène. Depuis 1987, il est vrai que notre production nationale – malgré sa vitalité et son étendue – n’avait plus reçu pareil honneur. Mais, plus essentiellement, il est intéressant, voire rassurant, de constater que de telles problématiques, bien contemporaines, soient considérées comme des avancées réflexives nécessaires : au-delà du débat de l’organisation de l’enseignement, c’est le rapport de notre société à la culture que Laurent Cantet interroge. Comment transmettre un savoir à l’heure où ce dernier est méprisé avant d’être étudié, jeté aux orties de l’utilitarisme avant de le (ré)inclure dans un système d’ascenseur social ? Comment donc enseigner ce savoir, ne servant plus à trouver un travail, à vivre, qui semble proprement futile ? Comment refaire de la langue un outil de communication, de plaisir, et simplement de sens ? Sans prétendre à le démêler en un film, Laurent Cantet met en lumière le nœud gordien de notre société : celui où transmettre n’équivaut plus à élever, celui où la culture ne suscite plus d’intérêt en elle-même. Il lancera, on le souhaite, un mouvement de réflexion sur l’avenir de ces savoirs dans les classes, mais aussi dans les foyers.