À l’heure du traditionnel top 10 annuel de la rédaction, on peut se demander si l’on doit se réjouir du succès international de notre numéro 1 (Holy Motors, de Léos Carax) ou s’il vaut mieux plutôt s’inquiéter de la santé défaillante du cinéma hexagonal, dont on retrouve très peu de représentants dans les classements individuels des rédacteurs de Critikat (voir les détails dans l’article consacré au top 10). Si les grosses productions insipides ne se portent pas trop mal au box-office (sept – mauvais – films français dans les vingt plus gros succès de 2012 : pas de quoi sabrer le champagne non plus…), le cinéma français le plus ambitieux et le plus fragile souffre à tous les niveaux de la chaîne. Difficile de dire précisément ce qui ne va pas. Pas assez de bons films ? Pas assez de copies ? Une mauvaise couverture presse ? Un bouche-à-oreille désastreux ? Le constat est alarmant : sans tomber dans le respect des quotas, la rédaction de Critikat a toujours été attentive à la production hexagonale et ses meilleurs représentants trouvent chaque année leur place dans notre classement des plus grands films de l’année. 2012, à ce titre, fut catastrophique : un petit engouement pour les œuvres de Benoît Jacquot et Noémie Lvovsky, quelques belles révélations très éparpillées (Cyril Mennegun, Guillaume Brac, Sébastien Lifshitz, Alice Winocour et, dans une moindre mesure encore, Davy Chou, Rachid Djaïdani ou Benoît Forgeard), et puis… plus rien. Quand, l’année dernière, Bertrand Bonello, Céline Sciamma, Valérie Donzelli, Alain Cavalier, Pierre Schoeller ou Djinn Carrénard se hissaient dans les vingt premiers de notre classement, la moisson de cette année semble bien maigre. Souhaitons au cinéma français, pour cette nouvelle année, de trouver un nouveau souffle.