Il y a cinquante ans, les cinéphiles indianophiles découvraient Pather Panchali, premier chef-d’œuvre de Satyajit Ray. Pour fêter ce joyeux anniversaire, le Musée Guimet propose de retrouver quelques œuvres connues (ou méconnues) du cinéaste, ainsi que celles de ses compatriotes bengalis, trop longtemps dissimulés sous l’aura du maître.
Bonne nouvelle pour les amateurs de cinéma indien, frustrés de ne pouvoir admirer leurs œuvres de prédilection sur grand écran : pour la deuxième année consécutive, l’auditorium du Musée Guimet des Arts Asiatiques consacre sa rentrée à l’«été indien», en effectuant un détour par le Bengale, haut lieu de cinéphilie. Tous les «grands» du cinéma bengali sont là : Satyajit Ray, bien sûr, avec cinq films (dont l’incontournable Monde d’Apu, premier volet de la célèbre trilogie), mais également Ritwik Ghatak (quatre films) et Mrinal Sen (un film), dont la renommée n’est hélas pas à la hauteur de l’immense talent.
Deuxième bonne nouvelle : les programmateurs du Musée Guimet ne se sont pas contentés d’un nécessaire détour historique. On aura donc plaisir à (re)découvrir quelques réalisations des cinéastes bengalis contemporains, Rituparno Ghosh et Aparna Sen, dont l’œuvre, pourtant maintes fois primée (à Locarno notamment), tarde à atteindre le réseau cinématographique français. Absurdité criante, car un film comme Mr and Mrs Iyer (notre coup de cœur pour cette rétrospective) peut séduire un très large public. On reste fasciné par cette grande histoire d’amour impossible, portée par un message simple (mais jamais simpliste) en faveur de la tolérance, et emportée par deux comédiens extraordinaires, Konkona Sen Sharma (fille de la réalisatrice, elle est la fraîcheur incarnée) et Rahul Bosé, l’acteur (et réalisateur) phare du cinéma d’auteur indien. Si les horaires sont assez dissuasifs (les films sont projetés le mercredi et le vendredi à 12h15), cette magnifique rétrospective mérite bien qu’on écourte sa pause déjeuner pendant quelques semaines…