Ouf ! Nous voilà soulagés : après l’escapade Anonymous, le pétaradant Roland Emmerich revient à un genre qui lui ressemble plus, le film de baston. On est heureux pour lui, tant son White House Down lui donne l’opportunité de faire exploser tout un tas de choses et de gens, ce que n’a pas pu lui permettre son écart shakespearien.
Nous voici donc de retour dans la bonne vieille Amérique de l’Oncle Sam, où officie un président noir (qui l’eût cru ? Quelle capacité d’adaptation, Roland !) et où John Cale, interprété par Channing Tatum, vient passer un entretien d’embauche à la Maison-Blanche pour intégrer le service de sécurité du président. Hélas, malgré son talent sans pareil pour discuter avec des écureuils, révélé lors d’une scène particulièrement sublime, le job va lui être refusé, eu égard à une jeunesse tumultueuse qu’il jure, en vain, avoir laissé derrière lui. Heureusement pour notre héros, c’est précisément le moment que choisit une meute remarquablement vicelarde pour mettre en mouvement son plan pour prendre le bâtiment d’assaut, et le président en otage.
Récapitulons : un héros injustement déconsidéré mais très compétent, des Méchants très très Méchants, un goofy sidekick, la fille de 11 ans du héros, qui traîne par là en n’attendant qu’une occasion pour trouver des qualités rédemptrice à ce père trop absent et des explosions dans tous les coins. Pas de doute, on nage en plein dans les 1980s. Roland Emmerich aurait-il été, comme tout le monde, atterré par la qualité du dernier Die Hard, et voulait-il donner son Die Hard à lui ? Dans ce cas, c’est réussi. Tous les ingrédients y sont, et ne manquent que le sens de l’espace et du rythme d’un John McTiernan. Mais Emmerich reste un faiseur honnête, à la mise en scène lisible. C’est bien le moins.
Amusant et hautement divertissant, White House Down se pique également de politique. C’est plus étonnant. Le film présent son Obama sous un jour extrêmement favorable, totalement idéalisé. Le président, interprété par un Jamie Foxx super cool, est un dangereux pacifiste, père de famille aimant et bourré de belles valeurs, tandis que les terroristes sont des crapules cyniques va-t-en-guerre racistes et motivées par l’argent. L’heure serait-elle donc à la paix, aux lendemains qui chantent, pour celui qui, dans Independance Day, se situait pourtant bien à droite de l’échiquier politique ? Pas sûr, pour qui tente de lire entre les lignes de White House Down : sous l’égide de ce président rêvé, les États-Unis apparaissent vulnérables, à la merci d’attaques de l’intérieur comme de l’extérieur – comme si, en ces temps de beaux idéaux politiques, l’heure était plus que jamais à la méfiance et à la paranoïa.