Pour son premier long métrage, le réalisateur Joël Vanhoebrouck choisit un thème opportunément exploité par ses distributeurs français avec cette sortie un 12 avril : la Saint-Valentin. Le calendrier de la comédie de sentiments a ses propres moments : Noël, le Nouvel An, la Saint-Valentin donc… Rarement la Toussaint, jamais la fête du travail, inexplicablement. Chacun de ses moments, suivant l’humeur des scénaristes, est propice aux rencontres, ou aux désunions. Ici à la manœuvre, Jean-Claude Van Rijckeghem et Pat Van Beirs délaissent les surprenants cahots de Moscow, Belgium pour une comédie acide mais convenue sur les histoires de couple.
Nous sommes donc à la Brasserie Romantiek, restaurant tout fier de sa première toque au Gault-et-Millau, qui fait un menu spécial pour la fête des amoureux. Évidemment, chaque couple va vivre le dîner d’une façon différente : rupture pour les uns, rencontre pour les autres, entre-deux douloureux pour beaucoup. Quatre couples forment les segments du film, comme autant de sketches d’un film assez hétérogène, qui peine à sortir des chemins balisés.
À la photographie, Ruben Impens, dont on a déjà vu le travail dans Alabama Monroe, La Merditude des choses ou Moscow, Belgium, privilégie une esthétique tamisée, uniforme expression de l’ambiance romantique et toc associée à la Saint-Valentin. Plus curieusement, les rues nocturnes environnantes semblent devoir se plier aux mêmes tons mordorés, dans une étrange uniformité esthétique.
Guère plus originaux, les personnages principaux de cette comédie de couples ressassent des scènes souvent déjà vues – seuls surnagent quelques étrangetés bienvenues, comme l’idylle sans espoir d’un mitron avec sa collègue, ou le segment le plus personnel, mettant en scène un grisâtre fonctionnaire peu sûr de lui qui trouve son courage dans les encouragements de son double dans le miroir. Conclusions relativement inattendues, surprises narratives : on aimerait pouvoir retrouver les mêmes choses tout au long du film.
Malheureusement, ni le déroulement narratif, ni la mise en scène ne tentent de se sortir du modèle convenu de la comédie de mœurs acide. Placide, Joël Vanhoebrouck s’installe dans sa brasserie sans beaucoup se préoccuper de son second plan, alignant les champs/contrechamps pour souligner les dialogues. En choisissant sciemment l’unité de lieu, le réalisateur s’emprisonne lui-même. Il lui manque malheureusement de quoi vivifier cette prison.