Dans l’Amérique des années 1950, Alice Chambers (Florence Pugh) file le parfait amour avec Jack (Harry Styles) au sein d’une company town où tout semble réglé au millimètre près. Un beau jour, Alice perçoit une anomalie dans le ciel et prend conscience que son utopique bourgade est en réalité une prison dont elle va devoir s’échapper… Non, Don’t Worry Darling n’est pas un remake horrifique de The Truman Show, bien qu’il en reprenne l’intégralité du scénario : présentation d’un quotidien parfaitement chorégraphié, dérèglement inexpliqué de cette routine, puis révélations en cascade et traversée du miroir après une ultime séquence de fuite. À l’exception d’un angle anti-patriarcal attendu (le geôlier, c’est le mari), difficile de vraiment distinguer la singularité du film d’Olivia Wilde par rapport à ceux dont ils s’inspirent. Les ingrédients (et poncifs) qui caractérisent les dystopies baudrillardiennes – celles où la société entière n’est, au fond, rien d’autre qu’une image repliée sur elle-même – s’y trouvent compilés sous la forme d’un bingo fade et convenu. Des scientifiques adeptes de la répression psychiatrique s’allient à des entrepreneurs-gourous, tandis qu’une poignée d’effets bon marché illustrent sans relief les quelques moments où la matrice se dérègle. Tout y est, sans exception, jusqu’à un twist on ne peut plus caricatural (tout ceci n’était, en fait, qu’une illusion). L’enfer conformiste et normatif que dépeint Don’t Worry Darling, où tout paraît pré-calculé jusqu’à la nausée, n’est-ce pas simplement le film lui-même ?