Ça recycle dur
Plus encore que Super 8, Echo entend remettre au goût du jour E.T. (assaisonné d’une larme de Goonies), en troquant le maniérisme des années 1980 pour celui des années 2010. Ce qui signifie avant tout s’accrocher à la tendance du found footage, et de ce fait réaliser une sorte de version tout public de Chronicle. Malheureusement, si E.T. représente la quintessence du « tout public » façon Steven Spielberg, Echo multiplie les erreurs, pour donner un film creux et sans âme.
Alex, Tuck et Munch sont trois potes inséparables. Comme de juste, ils incarnent à eux trois une foule de stéréotypes narratifs (et raciaux, ne nous gênons pas) : l’un est le chef de la bande qui devra assumer ses choix tel un adulte, le deuxième est le sensible renfermé qui découvrira les vraies valeurs de l’amitié, le troisième est un gamin bizarre, pourri-gâté, génie du bricolage et de l’informatique, dont la sagesse permettra aux deux autres de sortir de situations compliquées et de constater en passant qu’il est, malgré tout, aimable. Pour eux trois, la fin de leur bande arrive : un chantier d’autoroute va passer sur leur lotissement, les parents déménagent aux quatre coins des États-Unis. En guise de dernière aventure, les trois copains décident de résoudre une énigme : quelle est donc cette étrange carte qui apparaît sur leurs écrans mobiles, vers quoi veut-on les mener ?
Echo téléphone maison
Les premières minutes suffisent à établir que, plus que des personnages, le trio de gosses représentent avant tout un catalogue exhaustif de stéréotypes propices à l’identification. Pour sa première réalisation, Dave Green ne semble guère intéressé à l’idée de donner de la chair à ses protagonistes, dont les jalons sont posés dès les premières minutes, pour ne jamais donner lieu à un développement, voir à une implication dans le récit autre que pratique : il faut un point d’accroche pour la protagoniste féminine, c’est le jeune sensible qui en fera office ; il faut un coup de génie technique pour faire avancer l’intrigue, on en chargera le nerd junior. Tout cela s’agglomérant autour de la trame centrale : les gamins doivent aider un petit extraterrestre tombé sur terre à rassembler ses morceaux tout en échappant à une meute de scientifiques malveillants. À toutes fins utiles, E.T., donc.
À chaque morceau, correspond une séquence dont les enjeux sont curieusement complètement vides : la troupe de jeunes doit-elle entrer dans un bar, où il leur est interdit d’aller avant leurs 21 ans ? Il ne faudra pas 20 secondes à un des consommateurs pour leur dire « ah, vous êtes les gamins de untel ? », et leur permettre de s’en tirer. Leur faut-il pénétrer dans la grange d’un fermier en pleine nuit, et démanteler à grand bruit son tracteur ? Peu importent le bruit et la lumière, rien ne semble les vouloir réveiller les propriétaires… Récit aux rails bien huilés, Echo va sans accrocs vers sa conclusion logique, attendue, nécessaire à un blockbuster pour pré-ados de l’été. Le conte est mignon, pourvu qu’on laisse de côté toute exigence narrative. Pour les autres, l’absence complète de toute identité artistique peut constituer un point d’intérêt, en tant que cas d’école. Sinon, ce sera l’ennui.