Avec Hideaways, Agnès Merlet tente à nouveau une incursion dans le fantastique, malheureusement sans plus de succès que pour Dorothy (2008). Malgré un décollage prometteur, le choix de la réalisatrice de réorienter son film vers un conte au symbolisme pesant s’avère désastreux.
Hideaways démarre plutôt bien : on y passe en revue en mode accéléré la généalogie de son personnage principal, James, issu d’une famille – les Furlong – où les garçons sont tous touchés par une malédiction. Son père, par exemple, dérègle les appareils électriques et fait sauter les plombs. James, quant à lui, annihile toute forme de vie autour de lui lorsque la douleur le saisit. Les bonnes idées se succèdent (James découvre sa malédiction en tuant une dizaine de vaches suite à une chute de vélo dans un pré) et le ton enjoué et accrocheur augure un film personnel et singulier. Mais lorsque James s’enfuit pour vivre en ermite dans les bois afin de ne plus décimer son entourage, le film mute soudainement et le ton humoristique et enlevé du prologue laisse place à un mélodrame ultra-romantique au scénario convenu : James – devenu adulte – va revenir à la vie grâce à l’amour d’une jeune malade en phase terminale, tout en affrontant un de ses anciens camarades qu’il avait involontairement blessé.
Devant la platitude de cette histoire cousue de fil blanc, c’est de la réalisation qu’aurait dû venir le salut. Mais malheureusement, Agnès Merlet accumule les mauvais choix. Le sympathique petit acteur (James Wilson) qui incarnait jusque-là James Furlong enfant est remplacé par Harry Treadaway, dont on dira pudiquement – comme pour la plus grande partie du casting – que la capacité d’incarnation n’est pas la qualité principale. Les décors – un hôpital dans un grand écrin de verdure et un coin de forêt dévasté à la plasticité artificielle – finissent par lasser par leur systématisme et par le traitement abusif de la couleur. Mais le plus dérangeant, c’est la propension de la réalisatrice à ne jamais transcender son histoire et à en ponctuer tous ses tournants, pourtant sans surprises, par un symbolisme appuyé. Il est d’ailleurs étonnant de voir une cinéaste mettre autant en évidence les points faibles de son film. Il ne s’agit pas là de discuter le choix d’inscrire Hideaways dans une veine romantique et symbolique, mais simplement de dénoncer l’épaisseur de la mise en scène, indigeste au possible lorsque à chaque contact, à chaque baiser, à chaque étreinte entre les amoureux, elle nous inflige un gros plan redondant sur cette plante qui s’épanouit, ou lorsqu’elle cadre la cicatrice du camarade de James pendant qu’il explique comment il est devenu infirme. Il ne s’agit alors plus de symboles mais de redites, et, handicapé par tant de gaucheries, le film finit par devenir tout simplement consternant.