Il Resto della Notte part de personnages et situations a priori stéréotypés : une bourgeoise dépressive (Silvana), au mari industriel adultère (Aurélien Recoing), renvoie arbitrairement sa domestique roumaine (Maria). Cette dernière retourne vivre dans le monde précaire de ses confrères, qui décident à la fin de cambrioler les riches. Les personnages sont finement traités, notamment grâce au jeu de Sandra Ceccarelli qui rend émouvante la dépression de son personnage, et à celui de Laura Vasiliu (vue dans 4 mois 3 semaines 2 jours). C’est par glissements que le récit avance : après avoir posé le personnage de Silvana et le renvoi de Maria, le cinéaste quitte la maison bourgeoise et s’attarde sur les personnages roumains. L’un, drogué et suicidaire, lutte pour voir son petit garçon dont la mère a la garde, l’autre, ancien petit ami de Maria chez lequel elle retourne, vit de rapines dans un taudis. C’est moins le récit qui intéresse Munzi que ses personnages, qu’une trame lâche permet de peindre. Avant le cambriolage final (un peu convenu tant dans le fond que dans la mise en scène), le film évoque alternativement deux familles de souffrance, celle des bourgeois, celle des Roumains. Parce qu’il décrit plus qu’il ne narre, il échappe aux clichés qui sont pourtant son point de départ.