Dès son pré-générique, La Colline où rugissent les lionnes manifeste un goût pour l’épate dont il ne parviendra jamais à se départir. Avant de former le gang des « lionnes de la colline », Qe, Jeta et Li, trois jeunes femmes au sortir de l’adolescence, jouent à prendre des poses de mannequins sous l’œil d’un appareil photo invisible, avant de crier aux quatre vents leur rage au sommet d’une colline kosovare. Ce déploiement d’énergie en pure perte résume à lui seul les nombreuses limites du premier long-métrage de Luàna Bajrami : autour de sa bande de filles, la jeune réalisatrice (âgée de seulement dix-huit ans au moment du tournage) dresse un portrait à charge du patriarcat au sein des campagnes du Kosovo, dans le sillage de Mustang et de Papicha, autres fables récentes sur l’émancipation féminine.
De la direction d’acteur aberrante à la nullité du découpage (qui multiplie paresseusement les champ-contrechamps en gros plan), la médiocrité du film laisse pantois. Son ratage tient par exemple à un changement de registre discutable survenant au mitan du film : d’une chronique de la violence ordinaire exercée à l’encontre des femmes, où chaque séquence illustre un nouveau sujet de société (injustice scolaire, putophobie, inceste), le film se transforme soudain en un film de genre à la mise en scène inexistante. L’argument principal du récit (les « casses » réalisés par le gang, que les personnages fantasment pendant la première moitié du récit) se trouve ainsi réduit à la portion congrue, compilé à l’intérieur d’un seul clip de trois minutes, certes apprêté, mais qui ne parvient même pas à être efficace. Aussi insipide qu’emphatique, notamment lors de son monologue final aux allures de litanie adolescente (« Quand on sort de la merde, on ne veut pas retourner dans la merde. »), La Colline où rugissent les lionnes est un pensum social assez hors-sol.