La découverte du titre, La Guerre des Miss, fut un bref moment de frémissement mêlé de rigolade. L’apparition des affreuses affiches dans nos rues entraîna des changements d’itinéraires. Voici donc le film qu’il n’a pas été possible de voir en projection de presse. On en comprend maintenant la raison.
Venons-en au fait. De quoi s’agit-il? Depuis 22 ans, Super-Chamoussey fout la trempe à Chamoussey au concours local de Miss. Ceux d’en haut ont des pistes de ski: appelons les beaufs. Ceux d’en bas végètent dans la vallée: voici les ploucs. Pour ces derniers, l’existence même de la commune est menacée par décret préfectoral. Bah oui, faut bien faire avancer le scénario… Le maire des ploucs veut tomber les armes à la main et met les bouchées doubles pour remporter ce qui sera le dernier concours. Pour cela, il fait appel à un coach, enfant du pays et acteur raté de la capitale. Une petite couche de bluette sentimentale, des rebondissements et hop l’affaire est dans le sac! Le récit est un alliage savant entre une naphtaline pompido-giscardienne et une médiocrité bien actuelle. Oui évidemment, on a droit, et même plusieurs fois, à un défilé de cruches mal fagotées devant le jury accablé, selon le principe audiovisuel désormais bien établi de l’humiliation, que le film valide goulûment.
La Guerre des Miss est un film moche, mou et pathétique. S’il y avait l’occasion de sourire, on la garderait secrète pour ne pas déflorer ce moment épiphanique. Les séquences sont interminables, l’absence de rythme est d’une très grande cruauté, et les tentatives pour tenter d’en impulser le sont encore plus. Difficile ici de s’attarder sur des éléments cinématographiques dans un film qui ne contient pas la moindre proposition en la matière. Si ce n’est, pour l’anecdote, que le nom de famille de la monteuse n’est autre que… Hache. Le voilà le grand gag! Ce film semble avoir été réalisé par un fonctionnaire dépressif soviétique des années 1980. Les comédiens sont mauvais, Olivia Bonamy complètement nulle. Dans ce merdier, Poelvoorde trimballe une mélancolie presque touchante. Ce qui ne manque pas, comble de l’absurde, d’infuser une touche de tristesse à cette prétendue comédie. Il y a quelques années de cela, Patrice Leconte était monté au créneau pour fustiger une critique de cinéma portraiturée en une sorte de mafia de l’intelligentsia parigot-parisienne méprisant le public populaire et déconnectée de lui. Il est fort peu probable qu’il sorte du bois cette fois-ci, ceci pour plusieurs raisons. C’est d’abord un cinéaste qui n’a plus aucune conviction, cela crève les yeux du début à la fin de La Guerre des Miss. Et surtout, il n’aurait aucun argument à opposer à quiconque lui lancerait qu’il prend le spectateur pour un con.