Don Bluth fait partie de ces grands oubliés de la justice cinématographique, aux côtés d’Henry Selick, qui a, rappelons-le, réalisé L’Étrange Noël de M. Jack. Transfuge des studios Disney, Don Bluth se distingue dès ses débuts solo avec Fievel et le Nouveau Monde, par un sens aigu de la narration adulte, un sens que Mickey ne finira par découvrir qu’avec Mulan près de dix ans plus tard.
Cinéaste de l’errance, Bluth racontera avec tendresse et sens du rythme de nombreux exils, de nombreuses diasporas, avec à cœur un respect bienvenu pour ses protagonistes, autant que pour son public, que ce soit avec Fievel, dans l’émouvant Brisby et le secret de NIMH ou dans Anastasia. Le cinéma de Don Bluth n’a rien de féerique : l’animation y est l’opportunité d’adoucir le réel, de le rendre moins âpre – jamais, cependant, d’en travestir l’essence.
Œuvre matricielle
À quelque trente années de sa sortie, Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles demeure un film important, ne serait-ce que parce qu’il totalise plus de suites que toutes les sagas, remakes et reboots – pas moins de douze suites, ce qui le place même devant l’interminable saga Vendredi 13 (11 épisodes et un reboot/remake). C’est également une œuvre matricielle pour Don Bluth, qui rassemble tout ce qui fait son cinéma…
Tout… sauf, peut-être, la petite étincelle de charme qui singularise Brisby, Anastasia ou Fievel – ainsi, les aventures de Petit-Pied vont le mener à la rencontre d’amis forcément divers, chacun avec leurs forces et leurs faiblesses, toutes amenées à avoir leur importance au fil du périple qu’ils ont entrepris. Ce voyage plutôt bien documenté d’un point de vue paléontologique – et qui a dû par conséquent lancer un bon nombre de vocations –, mais qui souffre de son aspect purement programmatique, d’autant que les rebondissements divers et variés font aujourd’hui fortement figure de déjà-vu.
Profondément bouleversant, Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles est un film exemplaire en cela qu’il s’adresse aux plus jeunes dans sa forme, sans pour autant édulcorer le fond. S’il n’a pas le charme d’un Brisby ou d’un Anastasia, le film constitue cependant une excellente porte d’entrée dans l’univers d’un des « autres » de l’animation américaine, le passionnant Don Bluth, dont il est toujours bon de revoir les œuvres sur grand écran.