Premier long-métrage de Renaud Fély, Pauline et François a les maladresses du film truffé de bonnes intentions. Si le réalisateur ne fait pas preuve d’une grande audace dans la mise en scène et peine à traduire avec acuité les tourments de ses personnages, il est sauvé par l’interprétation de ses acteurs, dont le joli duo Laura Smet / Yannick Renier.
François (Yannick Renier), vit seul dans une grande maison de campagne. En face de chez lui, vient emménager une jeune femme énigmatique, Pauline (Laura Smet). Elle travaille dans la même banque que la sœur de François et se lie bientôt d’amitié avec la famille. Mais son arrivée inopinée, et les zones d’ombres persistantes, va peu à peu révéler les différentes facettes d’une tribu qui sauve les apparences et dissimule des problèmes bien plus complexes (argent, perte d’un frère). Sur ce canevas plutôt galvaudé – reposant sur l’arrivée d’un(e) étranger(e) qui bouscule les codes d’un groupe et révèle par la même occasion une somme de non-dits –, il est à espérer que le réalisateur ne se vautre pas dans les lieux communs qu’une telle situation induit et qu’il soit en mesure de donner une autre ampleur à son film.
Ce n’est qu’en partie réussie grâce à l’interprétation des comédiens. Lorsque Pauline est accueillie par François, ce dernier lui dit tout simplement « Soyez la bienvenue, Pauline. » Si la phrase n’a en soi rien de bien original, elle va résonner tout le long de film. Femme blessée par l’existence, tentant de dissimuler un trouble pour tenter de se reconstruire loin de ses traumatismes, elle n’existe que grâce à la place que veulent bien lui accorder ces nouveaux compagnons de route pourtant de plus en plus suspicieux sur ses intentions. C’est que la jeune femme, sans s’en rendre compte, vient briser les liens de cette famille qui ne vit que dans l’apparence et qui, dans les faits, n’est jamais parvenue à surmonter le poids du passé.
Si le réalisateur filme la campagne avec une belle générosité (on est plutôt loin du film franchouillard qui fantasme une certaine forme de ruralité) et sait éviter les écueils un rien lourdauds sur le retour à la nature, ses rares audaces formelles (quelques contre-jours, un joli travail sur la lumière) limitent le film à une illustration parfois trop plate de cette chronique amoureuse où l’espoir d’un renouveau peut à nouveau exister après la perte d’êtres proches. La véritable force du film repose sur l’interprétation des comédiens : on retiendra en premier lieu Yannick Renier (frère du plus célèbre Jérémie), déjà aperçu dans Nue propriété, Les Chansons d’amour ou encore Nés en 68, qui n’avait jamais encore eu de véritable rôle à la mesure de son talent. Il est la révélation du film aux côtés d’une Laura Smet qui, si elle est inégale dans les différents films auxquels elle peut prêter son beau visage mélancolique, offre une belle résonance à ce personnage proche de la rupture, constamment ballotée entre le poids du passé et cette grâce timide qui semble la promettre à de plus beaux lendemains. Dommage que le réalisateur ne s’en suffise pas à cela et se sente obliger de surligner ce que les acteurs avaient déjà réussi à faire exister.