Thomas Langmann est certainement meilleur producteur que réalisateur. Fort de son Oscar pour The Artist et malgré le ratage d’Astérix aux Jeux Olympiques, il décide de reprendre la caméra avec son acolyte Frédéric Forestier pour nous offrir une pub sur grand écran de la RFM Party 80. Avec son avalanche de stars faussement has-been, le film avait de quoi séduire. Malheureusement, il ne va pas plus loin que le bout de son concept.
Pour l’avant-première presse de Stars 80, Thomas Langmann a fait les choses dans les règles de l’art en investissant le Grand Rex. Au programme, haie d’honneur avec parterre de stars, des fans hystériques et un concert revival de plus d’une heure après la projection. Cet enrobage était sûrement nécessaire pour pousser le côté « feel good » du film et masquer ce qu’il est avant tout : un bon coup de com’. Car si l’on prend évidemment du plaisir à revoir toutes ces anciennes gloires du Top 50 et à réécouter leurs tubes, le film tourne rapidement en rond. Confidences pour confidences, même Maritie et Gilbert Carpentier y auraient mis plus de panache !
Cross-over entre The Blues Brothers et la véritable histoire de la tournée RFM Party 80, le film suit les péripéties de deux losers (incarnés par Richard Anconina et Patrick Timsit) qui, après s’être perdus en montant une société de sosies, décident d’organiser une série de concerts avec les icônes des années 1980. Malgré les réticences des gens de la profession (dont Valérie Zeitoun, responsable d’un label chez Universal, qui ponctue le film de ses remarques assassines), la troupe rencontre très vite un succès phénoménal qui la mènera tout droit au Stade de France.
Avec ses maigres enjeux dramatiques, Stars 80 est heureusement sauvé par la bonne dose d’autodérision dont font preuve tous les chanteurs. Peter et Sloane nous offrent des retrouvailles explosives, Caroline Loeb est tenancière d’un Kebab, Sabrina ressort des profondeurs du grand bleu, Jean-Luc Lahaye s’amuse de son côté mégalo coureur de jupons ou encore Jeanne Mas fait une entrée sur scène très farmerienne. Pourtant, faute d’écriture, ce second degré ne dépasse jamais le stade de clin d’œil anecdotique. Le jeu parfois approximatif des chanteurs n’arrange rien à l’affaire et entretient ce sentiment d’amusement potache. Les artistes ont, sans aucun doute, pris du plaisir à tourner. Il y a aussi, certainement, une certaine fierté à se voir ainsi remis sur le devant de la scène (et de l’écran). Mais cela ne suffit pas à construire un film.
D’autres réalisateurs comme Michel Blanc (Grosse fatigue), Agnès Varda (Les Mille et Une Nuits de Simon Cinéma) ou Maïwenn (Le Bal des actrices) s’étaient déjà exercés au défilé des personnalités jouant leurs propres rôles. Ils avaient réussi, chacun à leur manière, à dépasser le côté « tapis rouge » du casting pour proposer une réflexion sur le métier d’acteur voire sur le cinéma. À l’inverse, Stars 80 fait trop confiance à son concept et en devient, du coup, terriblement superficiel. À aucun moment, par exemple, le film ne s’attache vraiment à creuser les problématiques liées à ces chanteurs qui ont vu leur carrière décliner après des heures de gloire. Leurs rapports en backstage sont également traités avec trop de légèreté et enferment les personnages dans l’image qu’ils ont déjà construite. Un passage, cependant, suscite de l’intérêt et ouvre le film vers ce qu’il aurait pu être. Partant d’un ressort comique plutôt amusant (Anconina et Timsit n’arrivent pas à dormir à cause de Sabrina possédée par le démon de minuit) et s’appuyant sur un montage alterné entre les différents protagonistes, la séquence prend tout d’un coup une teinte burlesque que n’aurait sûrement pas reniée Blake Edwards. Mais la suite du film confirme que cet éclat fugitif était un accident de parcours dans ce qui n’est, à l’arrivée, qu’un prime amélioré de Daniela Lumbroso.