Lycéen timide et mal dans sa peau, Rick Ricker vit chez son oncle et sa tante, avec pour voisine la jolie Jill Johnson, dont il est follement amoureux. Pendant la visite d’un laboratoire de recherche, Rick est piqué par une libellule génétiquement modifiée. Désormais doté de super-pouvoirs, il adopte une nouvelle identité : La Libellule. Une sensation de déjà-vu ? Normal, il s’agit d’une parodie. Drôle ? Même pas…
Après avoir repris la franchise Scary Movie aux frères Wayans pour les épisodes 3 et 4, les producteurs Robert K. Weiss et David Zucker et le réalisateur/scénariste Craig Mazin délaissent cette fois la parodie de film d’horreur pour celle du film de super-héros. La recette du film parodique est simple. Appuyez-vous sur un succès récent au box-office. Plutôt un film de genre aux codes bien définis. Reproduisez avec fidélité ses règles bien établies, mais poussez-les jusqu’à l’absurde, détournant ainsi plus ou moins subtilement les poncifs de la culture de masse.
Le film de super-héros est a priori une bonne cible. Depuis quelques années, Marvel et DC Comics ont apporté un grand nombre d’histoires à Hollywood. Avec plus (Iron Man) ou moins (Daredevil) de réussite. Il faut bien dire que la fréquence des adaptations de ces comics est telle que la lassitude gagne quelque peu. Marre de ces losers patentés devenant au détour d’un accident opportun de laboratoire des chevaliers des temps modernes souvent sans cape mais toujours avec collant. Marre surtout de la métaphore schizophrénique filée jusqu’à plus soif. Avec côté pile le puceau propre sûr lui, et côté face le sauveur de l’humanité au charme irrésistible. Avec d’un côté du miroir le notable insoupçonnable, et de l’autre le grand méchant aux rêves de surpuissance.
Alors qu’un nouveau L’Incroyable Hulk apparaît déjà à l’horizon, une bonne parodie aurait eu un aspect fort salvateur. Malheureusement, à part une imitation hilarante de Tom Cruise par Miles Fisher, Super Héros Movie n’est qu’une succession erratique de gags plus ineptes les uns que les autres. Difficile ne serait-ce que de sourire à ce déballage de blagues de cour de récré ainsi qu’aux apparitions ratées de has-been cherchant le cacheton (Leslie Nielsen, Pamela Anderson…). Depuis une décennie, la comédie américaine a su se renouveler, en particulier avec les écuries Stiller, Farrelly ou Apatow. Certes, le sexe et la scatologie en sont les mamelles les plus nourricières, mais dans une dimension si déjantée qu’elle touche au surréalisme.
Ici, la platitude du pipi-caca systématique fait davantage penser à Sébastien Cauet qu’à André Breton. Vulgaire de bout en bout, Craig Mazin ne trouve ainsi rien de mieux que de faire d’un sosie du physicien handicapé Stephen Hawking un objet de torture récurrent, alors que justement des Dodgeball, Mary à tout prix, ou 40 ans, toujours puceau ont toujours pris le parti des « freaks » et autres « nerds », bref de la marge physique comme intellectuelle.
Totalement à côté de la plaque, le trio Weiss-Zucker-Mazin ne s’est de toute façon pas lancé dans cette entreprise pour la beauté de l’art. Elles sont loin, les années 1980 où les deux premiers renouvelaient le genre parodique avec le sympathique Y a‑t-il un pilote dans l’avion ?. Aujourd’hui, ils semblent uniquement compter sur la naïveté d’acnéiques plus ou moins pubères pour enrichir leurs comptes en banque respectifs. Quitte à dépenser son argent, autant acheter le DVD de Sacré Graal, certainement à ce jour la meilleure parodie en circulation.