Comédie loufoque mélangeant vieille noblesse ratatinée et tubes de Tom Jones, le film de Stephan Elliott est un petit bijou de rire British.
L’univers de la comédie britannique nous avait habitués à des produits dérivés d’une même recette, films-choral à partition multi-têtes d’affiche type Love Actually ou Bridget Jones, faux films anglais à faux humour anglais, le tout enrobé de chocolatine US bon pour tous. Mais voilà que déboule Stephan Elliott, après le très remarqué Priscilla, folle du désert, le film qui l’avait révélé en 1994. Cinéaste au parcours atypique, sorte de Lance Armstrong des plateaux de cinéma. Alors que son premier film l’avait propulsé sous les feux du grand public, il décide de tout arrêter, de mettre un terme à sa carrière toute née de réalisateur et se retire dans les Alpes pendant quelques années. Sa vie, un film : il s’y casse le dos, le bassin et les jambes à ski. Il ne devait pas vivre, il écrira Easy Virtue sur son lit d’hôpital, cette pièce de Noel Coward qu’un autre Britannique avait adaptée pour l’écran, Alfred Hitchcock.
Soit un jeune Anglais, coureur automobile, vainqueur de Monte-Carlo, croisant le regard d’une belle blonde charnue et ventilée de zooms ironiques. Ils se marient et s’en retournent au foyer parental, dans la campagne anglaise et s’installent quelques temps dans la maison habitée par la famille depuis presque toujours, tout nobles qu’ils sont. Mais quelle n’est pas la surprise de la mère quand elle se rend compte que sa bru n’est pas brit’ mais américaine. Tels sont les fondements d’un scénario qui va donner lieu à une suite de situations gaguesques creusant le fossé entre la mère et la fraîche épouse.
Vif, le film de Stephan Elliot entraîne son spectateur dans une ronde de gags, de quiproquos se superposant les uns les autres, s’amplifiant, se faisant écho et donnant finalement l’impression d’un gigantesque bazar type The Party de Blake Edwards. Easy Virtue est construit sur ce même modèle de l’intrus s’infiltrant malgré tout dans un sérail inhospitalier, petit caillou venu avec un grand sourire et devenu défaut dans la machine, Charlot-style.
Un mot sur le titre : NE PAS S’Y FIER. Il faudrait intenter un procès contre tous ces pros de la ruine que sont les gens du marketing de comédie. De SuperGrave à Un mariage de rêve, ils semblent seuls capables de détruire la subtilité et l’esprit attachés aux titres d’origine. Easy Virtue, petite vertu, femme aux politesses d’un autre pays, terre désir au corps accrocheur de Jessica Biel. Une petite merveille.