Encore un mélo daubesque avec Jennifer Lopez ? Mais elle n’est pas ici la plus responsable de ce naufrage cinématographique. La faute à un scénario indigeste, nauséabond et à un Robert Redford plus mauvais que jamais !
Dégoulinant de sympathie pour le bonheur des plus grandes valeurs américaines traditionnelles (nature, famille, self-défense), ce film est une sorte de travestissement idéologique et pathologique qui lorgne avec perversité vers le plus jeune et le plus naïf public. Tournant le dos à ses incursions dans le conte de fées moderne (le touchant Gilbert Grape et la gourmandise inutile mais plaisante du Chocolat), le cinéaste suédois Lasse Hallström nous fait désespérer de son déracinement cinématographique…
C’est l’histoire d’un vieux cow-boy blanc à la retraite et fatigué, joué par un acteur qui joue dangereusement avec son mythe. C’est l’histoire d’un autre vieux cow-boy noir défiguré et immobilisé qui rêve naïvement de croiser le regard d’un ours. C’est l’histoire d’une veuve latino bien roulée dont le jeu contraste avec celui de ses acolytes. C’est l’histoire d’une vie inachevée d’un pauvre plouc du Wyoming qu’on n’a aucun moyen de regretter. C’est l’histoire lénifiante de la violence de nos instincts et des armes qui – heureusement(!) – nous en protègent. Et c’est enfin l’histoire d’une petite fille, garçon manqué, qui aime autant les fleurs que les camions et les chevaux. À l’heure du trouble dans le « genre », la jeunesse n’est plus ce qu’elle était !
Dès le début, quelque chose cloche. À peine installé, on croit deviner la chaîne de télévision qui pourrait diffuser ce téléfilm mielleux : la musique anticipe la teneur des émotions à venir (en une minute chrono : la peur, le soulagement, le bonheur familial ou l’aventure…) et le champ-contrechamp indique aux acteurs le moment où ils doivent parler !
Devant cet épigone du navet outre-Atlantique, le spectateur se promet de manifester au plus vite en faveur de l’exception culturelle. Et fort de cette bonne résolution de fin d’année, il lutte rageusement avec son ennui en listant les évolutions sociales repérées en toile de fond : dans le cinéma américain des majors, on peut désormais parler des homosexuels hommes et femmes, montrer un Blanc masser un Noir et voir une veuve désœuvrée qui couche dès le premier soir !