La semaine dernière, Manoel de Oliveira, témoin privilégié du cinéma du XXe siècle, nous livrait Le Miroir magique, sans doute à considérer déjà comme une pièce maîtresse de l’année 2009. Voici donc Nuri Bilge Ceylan, auquel nous consacrons un dossier, ce mercredi avec Les Trois Singes. Par son approche plastique, pour ne pas dire plasticienne, ce film primé au dernier festival de Cannes pour la mise en scène ne manquera de surprendre, voire de diviser. Le réalisateur radicalise ici l’usage du numérique HD, déjà manié avec un grand panache dans Les Climats, son œuvre précédente. Sans tourner le dos aux maîtres respectés, pour certains adulés, le cinéaste turc a cependant trouvé une voie entre une relecture de la modernité et un réel affranchissement. Refus de la répétition, forte différenciation par rapport aux autres formes d’expressions audiovisuelles, projection du cinéma dans son nouveau siècle en prenant acte des évolutions technologiques ; Ceylan, avec quelques compagnons de route comme Jia Zhang-ke, ouvre des brèches et s’impose comme l’un des créateurs actuels les plus importants. Tout cela fait du cinéma un médium vivant et surprenant, capable de faire cohabiter en son sein les expérimentations d’un Ceylan et le raffinement cultivé, un brin désuet, d’un certain maître portugais à peine moins vieux que le jeune 7e Art.