Thème des Rencontres cette année, le cinéma « à la première personne » a déjà fait l’objet d’une attention particulière de notre part, notamment à l’occasion d’un dossier intitulé « Je » filme, filme « Je », tandis que cette question parcourait en filigrane la table ronde Critikat à Cinéma du Réel en mars dernier – « Personnage(s) ». Avec une programmation comme d’habitude fouillée et passionnante, Les Rencontres du cinéma documentaire de Montreuil ouvriront bien d’autres pistes. Difficile évidemment d’englober un ensemble où Joseph Morder cohabitera avec Arnaud Desplechin, Daniele Incalcaterra et Fausta Quattrini (El Impenetrable), Olivier Zabat avec Naomi Kawase (Chiri), Pauline Horovitz avec Chris Marker ou encore Dominique Cabrera. Le documentaire est un geste où le cinéaste – très souvent ici filmeur – signale sa présence ; une attitude se confondant avec la recherche d’une présence au monde, entamant ainsi un dialogue avec la nôtre. L’engagement du regard et du corps – devant ou derrière la caméra – s’en trouve décuplé, et aboutit presque logiquement au principe d’une énonciation personnelle, à la première personne. Ces quelques raccourcis un peu simplistes disent aussi la courte distance entre ce « Je » et un « Nous » : une première personne devenant plusieurs.