Du 5 au 11 juin, « Le Chien qui aboie » (« El Perro que Ladra ») et le cinéma La Clef organisent à Paris le premier Panorama du cinéma colombien. Active à travers de projections, de rencontres et de débats, la jeune association qui soutient la diffusion de films latino-américains s’est désormais fixée à La Clef. Depuis l’arrêt en 2005 du festival « Colombie 100% documentaire » après sa seconde édition, le pays n’avait plus connu de tel focus. Voici donc l’occasion de découvrir un paysage cinématographique en plein bouillonnement, à travers une compétition de longs et de courts métrages, une programmation de la société partenaire Ciné-Sud et de films qui ont marqué les années 2000.
Contrairement à l’Argentine ou au Mexique, la Colombie a longtemps été une terre infertile pour le cinéma d’auteur, bien plus connue pour ses activités télévisuelles, avec une forte production de séries souvent reprises par les pays voisins. Les quelques films existant reproduisaient alors régulièrement une esthétique théâtrale outrancière.
Mais un cinéma jeune, porté par des auteurs mobiles, nourris au cinéma classique et européen, revendiquant une grammaire singulière, parfois radicale, a progressivement permis au pays une représentation en festivals. En 2012, trois films colombiens étaient en compétitions à Cannes, et depuis janvier trois ont fait l’objet d’une sortie en salles : La Playa de Juan Andrés Arango, La Sirga de William Vega, et Porfirio d’Alejandro Landes. Le 12 juin, ce sera le tour de La Sociedad del Semáforo de Ruben Mendoza, lauréat à Cannes en 2010 de la Résidence de la Cinéfondation.
Le festival de Cannes a accueilli pour la première fois en 2013 un pavillon colombien dans son Village International. L’an passé, un fonds de 12,5 millions de dollars a été créé à destination des réalisateurs de fictions, de documentaires ou de films d’animation, afin de favoriser l’accueil des tournages étrangers. Il permet aux productions qui investissent en Colombie de se voir rembourser 40 % des dépenses liées au tournage, et 20 % des dépenses logistiques. Ce double mouvement de production locale et d’accueil d’équipes étrangères devrait être bénéfique à une cinématographie dont la représentation reste trop rare. Ce Panorama vient donc à point nommé et mérite autant l’attention des professionnels que du public.