Pour célébrer le quarantième anniversaire de la Quinzaine des Réalisateurs, Olivier Jahan retrace l’histoire de cette section parallèle du Festival, en laissant la parole à Pierre Henri Deleau, délégué général de 1968 à 1998, à son successeur Olivier Père et aux cinéastes sélectionnés.
La Quinzaine fut créée suite à l’interruption du Festival de Cannes en 1968, au moment où certains cinéastes, notamment ceux de la Nouvelle Vague, demandent une réforme du cinéma et créent la SRF (Société des Réalisateurs de Films) qui met en place la nouvelle section. Sa politique : choisir des films aimés, avec la liberté d’un amateur, alléger les cinéastes du poids du Palmarès, mélanger les publics. Après l’inorganisation de départ (62 films sélectionnés lors de la première année) et à travers des déménagements successifs, la Quinzaine devient un événement majeur du Festival. Au début, y être sélectionné était un moindre mal lorsqu’on ne l’était pas en Compétition. Cela peut aussi être une préférence. Jacques Nolot dit ainsi avoir apprécié l’absence de tension, le (relatif) intimisme de la section parallèle qui programma en 2007 Avant que j’oublie. La Quinzaine est aussi une passerelle en vue d’une plus grande reconnaissance. C’est grâce à la présentation de Jeanne Dielman que Chantale Akerman s’est sentie légitimée comme cinéaste, que Jim Jarmusch (avec Stranger than Paradise) a été lancé aux États-Unis. Avoir été sélectionné à la Quinzaine pour Dans Paris aurait aidé Christophe Honoré à être en Compétition Officielle avec Les Chansons d’amour… Les cinéastes interviewés expriment leur gratitude envers cette Sélection, un attachement personnel aussi avec ceux qui les ont choisis.
Est aussi évoquée la concurrence avec la Sélection Officielle quant au choix des films, qui a conduit cette dernière à créer Un certain Regard pour avoir sa propre section délestée du poids du Palmarès. Cela entraîne une certaine perte d’identité de la Quinzaine, qu’Olivier Père regrette. Il est également aujourd’hui plus difficile de faire émerger des talents, à cause du très grand nombre de films (notamment français) que les programmateurs reçoivent. Si 40 fois 15 est riche en informations, en tant qu’hommage il est aussi univoque car il laisse de côté les éventuels points noirs de la Quinzaine.