Connu pour ses films à gros budget (Arsène Lupin, Belphégor), Jean-Paul Salomé lorgne pour son neuvième long métrage vers une comédie plus modeste, autant dans ses moyens que dans son casting. Pas de tête d’affiche grand public, type Romain Duris ou Sophie Marceau, mais un pitch suffisamment alléchant pour attirer les curieux. Mais une bonne idée n’a jamais suffi à réaliser un bon film, encore faut-il une histoire à raconter et des comédiens pour lui donner corps.
Jean Renault (François Damiens), acteur sans succès malgré un César du meilleur espoir dans sa jeunesse, n’a d’autre recours que traîner ses guêtres au Pôle Emploi spectacle. C’est lors d’une entrevue avec sa conseillère que lui est proposé un rôle pas comme les autres : incarner la victime lors de reconstitutions policières. Sans le sou, il accepte une mission à Megève chapeautée par Noémie Desfontaines, jeune juge d’instruction. Son immersion dans les personnages va rapidement pointer les incohérences du dossier, jusqu’à relancer l’enquête.
Tandis que ses précédents succès surfaient sur des icônes du petit écran français, Jean-Paul Salomé tente avec Je fais le mort de renouer avec une comédie originale, non référencée, agrémentée d’un duo atypique. François Damiens, le Belge qui monte de ce côté de la frontière, campe ainsi un personnage antipathique, sûr de lui et de son talent (plus que limité), absolument odieux avec son entourage. Pour lui donner la réplique, le réalisateur lui adjoint Géraldine Nakache. Et là se situe sans doute l’une des premières faiblesses du film. Autant Damiens joue à fond le sale type énervant mais professionnel (il n’hésite pas à endosser une panoplie cuir SM pour le bien d’une reconstitution), autant Nakache pêche à proposer autre chose qu’un jeu convenu, sans malice ni fantaisie. Le tête-à-tête, et la romance censée naître de cette improbable rencontre, se révèlent boiteux, inadéquats et créent une arythmie fortement dommageable. Quant au reste de la distribution, elle est à l’avenant, bancale, peu convaincante et approximative dans ses effets.
S’il ne faut pas chercher l’excellence du côté des acteurs, force est de constater qu’elle ne transparaît pas non plus derrière la caméra. Filmé sans aucune originalité, Je fais le mort se regarde comme un mauvais téléfilm, vite tourné, vite vu, vite oublié. Aucun parti-pris de mise en scène ne s’impose réellement bien que certaines situations auraient pu être exploitées avec intelligence. Au contraire, le film s’enlise dans des champs-contrechamps simplistes, portés par une caméra paresseuse et une direction de la photographie inexistante. Cette absence de vision se double d’un scénario tricoté avec des grosses ficelles, mêlant pêle-mêle des clins d’œil à l’affaire Stern (ce banquier suisse retrouvé mort entouré de colifichets sadomasochistes), une séquence de fumage de joint (pour le décalage humoristique plus cliché que drôle) et une enquête a priori alambiquée dont on se désintéresse au fil du film. Bref, la surprise que provoque Je fais le mort tient plus à la présence au générique des frères Dardenne, producteurs, qu’à une quelconque originalité ou à une once d’efficacité comique.