Un an seulement après le dernier épisode, la série Scream joue une fois encore la carte du renouveau. Dans un premier temps, on serait presque tenté d’y croire : l’action est cette fois-ci déplacée à New York et le casting original semble avoir enfin (quasiment) laissé place à une nouvelle génération. La séquence d’ouverture s’avère d’ailleurs plutôt convaincante dans sa manière de réinvestir certaines conventions de la saga (l’action commence toujours par un téléphone qui sonne) tout en prenant à contrepied quelques habitudes (la scène contient une vraie surprise qu’il serait dommage de dévoiler ici). Mais les choses se corsent malheureusement à l’issue de cette introduction inspirée tant New York, « nouvel » espace (du moins à l’échelle de la franchise) riche en possibilités, se voit réduit à une simple toile de fond. Seules deux scènes sortent du lot : une agression dans le métro habilement montée et, surtout, une attaque dans une épicerie durant laquelle l’assassin adopte le comportement d’un tueur de masse s’en prenant sans distinction à toutes les personnes présentes. Durant quelques minutes, Scream VI semble emprunter de la sorte un virage radical et inattendu, convoquant le décor new-yorkais pour soudainement plonger dans les angoisses d’un XXIe siècle obsédé par le terrorisme. Hélas, là encore, la parenthèse se refermera aussi vite qu’elle avait été ouverte.
Le problème des deux derniers Scream ne tient pas au seul épuisement du filon, mais plutôt dans cette tendance « méta » à railler les errements des épisodes précédents. Le cinquième film était déjà symptomatique de cette évolution : il posait d’emblée, par l’entremise d’un personnage, l’hypothèse selon laquelle l’elevated horror avait fini par ringardiser les slashers « à l’ancienne », pétris de mécaniques figées. Dans Scream 4 pourtant, le duo Kevin Williamson/Wes Craven, parvenaient à renouveler l’art consommé du jump scare comme on exécuterait une même pirouette devant des spectateurs chevronnés qu’il s’agirait de surprendre encore une fois. Rien de tel dans Scream VI, dont l’humour s’éloigne de l’autodérision et privilégie un détachement cynique. Pour preuve : l’incontournable démonstration théorique qui advient au milieu du récit, ramène cette fois le principe même d’une franchise à un désintérêt assumé envers le sort de ses personnages. Prise au mot, cette nouvelle approche achève de désincarner une saga qui n’a décidément plus rien d’autre à montrer que son célèbre costume.