Pour sa seconde réalisation, Philippe Claudel transpose le genre de la comédie italienne à Strasbourg. Si le film ne tombe pas tête baissée dans la tendance pleurnicharde généralisée à l’échelle de son premier film (Il y a longtemps que je t’aime), il cède parfois malgré tout à la tentation du pathos et il faut se raccrocher à l’humour à gros traits pour y trouver son compte.
Alessandro (Stefano Accorsi), professeur de musique baroque, vit avec Irina, sa fille de quinze ans (Lisa Cipriani) et son frère Luigi (Neri Marcoré), anarchiste qui refuse de sortir de chez lui tant que Berlusconi sera au pouvoir. Après la mort prématurée de sa femme, il ne s’est pas permis de reprendre une vie amoureuse et préfère jouer les pères autoritaires avec sa fille et les donneurs de leçon avec son frère.
À défaut d’une grande originalité, le film trouve dans le trio formé par les trois personnages l’objet de situations plutôt cocasses et il est préférable d’être amateur de comédies italiennes en amont pour apprécier celle proposée par Philippe Claudel. Stefano Accorsi, parfois un peu prévisible, se fait piquer la vedette par Neri Marcorè (véritable révélation) qui tient le film à bout de bras grâce à sa prestation de bouffon. On trouve dans leur duo un écho à ceux incarnés par Tognazzi/Gassman ou Gassman/Manfredi dans Les Monstres ou Nous nous sommes tant aimés, ni plus ni moins. Fidèle au genre, Philippe Claudel recherche un peu trop les effets et veut nous charmer avec sa Tarentelle (omniprésente) qui dissimule tant bien que mal les défauts du film. Il est également regrettable que le réalisateur ne renonce pas à placer dans cette comédie, sans grande ambition mais néanmoins appréciable, des tentatives de chantage aux larmes. Comme si le genre ne pouvait se suffire à lui-même et qu’il fallait injecter une dose de drame dans la fiction pour en faire un film tout de même « sérieux » donc respectable.
Mis à part cette malheureuse tendance et quelques scènes de fantômes un peu grotesques, le film reste regardable. À l’image des comédies italiennes des années 1960-1970 dans lesquelles il puise son inspiration et sa raison d’être, Tous les soleils, sans être mauvais, demeure néanmoins un film mineur. Une bouffonnerie plaisante qui fait certes son effet sur le moment, mais qui sera vite oubliée.