Visage du cinéma israélien, l’actrice et réalisatrice Ronit Elkabetz partageait sa vie entre Israël et la France. Elle est décédée à l’âge de 51 ans des suites d’un cancer.
Tout le monde se souvient de son épaisse chevelure noire, son teint immaculé et cette force de caractère qui transparaît à l’écran. Fille aînée d’une famille de quatre enfants, Ronit Elkabetz est née en 1964 dans le sud d’Israël, de parents juifs marocains. Célèbre actrice dans son pays, elle quitte tout en 1997 pour la France, dont elle ne connaît ni la langue ni les coutumes : « Le plus beau cadeau que je me suis offert, c’est cette seconde naissance. J’aurais très bien pu continuer d’enchaîner les projets en Israël, mais j’avais besoin d’ouvrir une nouvelle porte » a‑t-elle expliqué. L’actrice, qui n’a jamais reçu de cours, frappe à la porte d’Ariane Mnouchkine.
En parallèle, Ronit Elkabetz continue de jouer dans son pays d’origine. Elle obtient le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Thessalonique en 2001 pour son rôle d’une mère divorcée et aimante dans Mariage tardif de Dover Kosashvili. Dans Mon trésor de Karen Yedaya, Caméra d’Or à Cannes en 2004, l’actrice campe une mère malade qui se prostitue depuis des années dans les rues de Tel-Aviv.
Une actrice partagée entre la France et son pays natal
La France lui ouvre ses portes en 2009, d’abord par André Téchiné dans La Fille du RER aux côtés de Catherine Deneuve. L’actrice israélienne tourne l’année suivante dans Cendres et sang de Fanny Ardant, puis sera à l’affiche de Tête de turc, un drame réalisé par Pascal Elbé la même année.
Femme engagée, Ronit Elkabetz a toujours incarné des rôles forts au cinéma. Ceux de femmes aspirant à plus de liberté, malmenées dans une société israélienne trop archaïque. C’est le cas dans son dernier film Gett, le procès de Viviane Amsalem, coréalisé avec son frère Shlomi Elkabetz. Le film retrace l’histoire d’une femme qui souhaite divorcer mais se heurte à l’intransigeance des rabbins et de son mari. Il avait été nominé dans la catégorie Film étranger pour les Golden Globes 2015.
Ronit Elkabetz avait présidé la Semaine de la critique l’an dernier à Cannes.