Disponible depuis début juin sur le site de vidéo à la demande MK2VOD.com, Confession of Pain, le dernier film de l’équipe de la trilogie d’Infernal Affairs, fait aujourd’hui son arrivée dans les bacs en DVD, sans passer par une traditionnelle sortie en salles.
À la base énième variation sur le thème de l’association d’un flic corrompu (l’inspecteur Hei, interprété par Tony Leung) et de son associé loyal (Bong, l’ancien policier devenu détective privé – et alcoolique – suite à l’assassinat de sa petite amie), Confession of Pain (dont les initiales, de façon intéressante, forment le mot « cop ») échappe cependant au schéma traditionnel, qui consiste à ne révéler l’identité du tueur qu’à la fin du film, lors d’un twist final déstabilisant, autant pour le spectateur que pour les personnages.
Ici, comme dans Infernal Affairs, l’enjeu nous est dévoilé très rapidement. Les crimes commis par le flic machiavélique interprété par Tony Leung nous sont d’emblée montrés, et c’est un plaisir de voir celui-ci masquer son jeu, d’autant plus que ses cibles semblent faire de lui le coupable idéal (comme il le fait remarquer lui-même, il est un suspect important dans l’affaire du meurtre du père de sa propre femme, dans la mesure où il touche au passage un héritage important). Puis le scénario s’affine encore un peu, et le spectateur ne sera plus le seul à être en avance sur le déroulement de l’histoire, quand le personnage interprété par Tony Leung va se mettre à recevoir des coups de fil d’un homme mystérieux qui lui dit qu’il sait tout sur ses agissements. Mais encore une fois, tout cela fait partie de l’imparable plan de vengeance de Hei (tellement élaboré qu’il en devient tiré par les cheveux, on en conviendra). Ainsi, comme dans Infernal Affairs, le personnage de Tony Leung rentre dans la police pour se mettre du mauvais côté de la loi sans pouvoir être jamais soupçonné. Ici en revanche, ce ne sera que dans un seul et unique but : venger la mort de ses parents, intervenue alors qu’il était encore un enfant.
Au milieu de toutes ces sombres histoires de meurtre, Bong, le détective privé alcoolique un brin cliché interprété par Takeshi Kaneshiro, fait la rencontre d’une jeune serveuse, Feng (Shu Qi). Malheureusement, leur histoire d’amour ne décolle jamais vraiment (on en vient même à se demander ce que fait Shu Qi ici, tant son personnage n’existe jamais réellement), et Confession of Pain ne parvient pas à s’élever au même niveau qu’Infernal Affairs.
Le film étant inédit en France, c’est sans surprise qu’il est présenté ici uniquement dans sa version originale sous-titrée, tant il est rare qu’un doublage soit réalisé exclusivement pour les besoins d’un DVD (ce fut le cas pour In the Mood for Love, distribué uniquement en cantonais dans les salles françaises). Ce qui est regrettable en revanche, c’est que le film soit présenté dans un format d’image qui ne respecte pas le master d’origine : en effet, seuls les génériques de début et de fin sont au format panoramique 2.31, tandis que tout le film se voit recadré en 1.85, ce qui a pour effet de rogner les images sur la gauche et la droite des plans, tout en leur faisant perdre de leur netteté.
Au niveau suppléments, on trouvera un making-of de 15 minutes, l’extrait d’une conférence de presse donnée par l’équipe du film, ainsi que des interviews exclusives des réalisateurs Andrew Lau et Alan Mak, de l’acteur Tony Leung et du scénariste Felix Chong.
A priori étonnant après le bon accueil réservé ici à Infernal Affairs, le choix de ne sortir Confession of Pain en France qu’en DVD se révèle finalement plutôt judicieux, le film étant inférieur en qualité à son prédécesseur, dont les deux suites, rappelons-le, n’avaient pas non plus connu les honneurs d’une sortie en salles. Mais là où une question se pose, c’est quand on s’aperçoit qu’il en est de même aux États-Unis, où le film, tout en n’étant toujours pas prévu en DVD, a déjà été racheté par la société de production de Leonardo DiCaprio, dans le but de le «remaker», symptôme d’une tendance actuelle du cinéma américain, qui consiste à se contenter de piocher ses idées dans des films déjà existants à l’étranger, sans même prendre la peine de les proposer à son public au préalable. Gageons (même si on voit difficilement comment) que le remake de Confession of Pain sera plus pertinent que celui du dispensable Les Infiltrés, un cran en dessous des dernières réalisations de Martin Scorsese, qui, en n’arrivant pas au niveau de l’œuvre originale, posait sérieusement la question de l’utilité d’une telle adaptation.