Deux mois après la sortie du coffret Sex & Zen, Metropolitan poursuit son exploration des films asiatiques de catégorie 3 en leur consacrant une collection à part entière. Cinq films de qualités inégales arrivent simultanément dans les bacs, pour le plus grand plaisir des aficionados de cinéma bis.
À Hong Kong, la catégorie 3 pour un film correspond à son interdiction aux moins de 18 ans, en raison de son contenu souvent violent et sexuel, ou de l’immoralité de son propos. Par extension, cette appellation en est venue à définir un genre à part entière, flirtant volontiers avec le gore, avec ses réalisateurs et ses acteurs emblématiques, comme Lily Chung ou Anthony Wong (qu’on a retrouvé depuis dans des films plus recommandables de John Woo ou Tsui Hark).
L’éditeur Metropolitan, bien conscient du statut particulier de ces films, a décidé de leur dédier une collection propre, dont les cinq premiers titres sont décrits ci-dessous :
Daughter of Darkness, réalisé par Ivan Lai
La belle Wei-Fong vit un enfer : violée à répétition par son père, humiliée en permanence par ses frères et sœurs, le tout sous la complicité de sa mère, la jeune femme, à bout, va logiquement tuer tout ce beau monde lors d’un violent carnage. Son amant, un jeune policier, choisira de se sacrifier en essayant de se faire passer à sa place pour le tueur, mais ce sera en pure perte, et la justice chinoise condamnera la jeune femme à la peine de mort.
Ebola Syndrome, réalisé par Herman Yau
Après le triple meurtre d’un caïd, de sa femme, et de son homme de main, Kai le psychopathe se réfugie en Afrique du Sud, où il est embauché comme homme à tout faire dans un restaurant. Ayant contracté le virus Ebola suite au viol d’une autochtone, notre homme (qui a la chance d’être un porteur sain) liquide son employeur et la femme de celui-ci, sert aux clients des burgers confectionnés à partir de leurs restes, non sans les avoir contaminés au préalable, puis décide de retourner à Hong Kong chez son ancienne fiancée, contaminant inexorablement les personnes qui auront la malchance de croiser sa route. De façon heureuse, la fille du caïd du début, qui est entre temps devenue une belle jeune femme, va alerter la police locale afin de stopper net ce danger ambulant. Ouf.
Raped by an Angel, réalisé par Andrew Lau
Aussi connu sous les titres de Legal Rape, Naked Killer 2, ou encore Super Rape, ce film de Andrew Lau, le futur réalisateur de la trilogie Infernal Affairs (dont The Departed de Scorsese est le remake du premier volet) aurait aussi bien pu s’intituler Hong Kong Psycho, le « héros » ayant comme point commun avec le Patrick Bateman d’American Psycho d’être un homme bien sous tout rapport en apparence, avocat de surcroît, ce qui lui permettra, suite au viol de sa jeune et jolie voisine, de tromper allègrement son monde et de s’attirer les faveurs du jury lors de son procès. Mais notre homme, trop gourmand, franchira un pas de trop en voulant récidiver avec la colocataire de celle-ci, et son piège machiavélique se retournera finalement contre lui. La morale est donc sauve.
Red to Kill, réalisé par Billy Tang
Quant à Red to Kill, si on devait lui attribuer un autre titre, ce serait sans hésitation Red is Dead (dommage que les Nuls s’en soient déjà emparés). Un mystérieux psychopathe body-buildé traîne la nuit dans les couloirs d’un immeuble à la recherche de victimes. Son identité sera révélé assez vite : notre homme est le directeur d’un atelier qui engage des attardés mentaux. Suite à un traumatisme lié à son enfance, celui-ci, un peu à la manière d’un taureau, devient fou dès qu’il voit des femmes habillées en rouge. Il devient alors incontrôlable, et n’a alors plus qu’une seule idée en tête : violer la femme en question, fût-elle une de ses propres employées. Heureusement, une assistante sociale un peu fûtée mettra un terme à ses exactions, en lui tendant un piège qui l’amènera directement au contact d’une scie électrique circulaire, laquelle aura raison de lui, on imagine.
Run and Kill, réalisé par Billy Tang
Du même réalisateur, Run and Kill raconte l’histoire de Cheung, bon père mais époux désastreux, et donc cocu, qui après avoir surpris sa femme avec un autre, engage, au terme d’une nuit bien trop alcoolisée, un tueur à gage pour lui régler son sort. Le contrat est honoré dès le lendemain, et le pauvre Cheung n’est pas au bout de ses peines, puisqu’il lui faut dorénavant payer une somme rondelette au gangster, ce qui le poussera par désespoir à tuer le chef du gang. Ce ne sera alors véritablement que le début de ses ennuis, le chef du gang ayant un frère psychopathe qui mettra un point d’honneur à venger sa mort.
On l’aura rapidement compris, ces cinq films ne brillent pas par leur finesse. Mélanges de sexe, de gore, et d’humour potache, on touche là à la base (dans tous les sens du terme) du film d’exploitation. Le choix de ces cinq titres est cependant pertinent, dans la mesure où ils constituent tous à leur niveau des fleurons du genre. Ils ne sont en revanche pas de qualité égale, et leurs thématiques diffèrent : Run and Kill lorgne plutôt du côté du film noir, et c’est d’ailleurs le seul du lot qui échappe à une surenchère sexuelle gratuite (mais c’est aussi le moins drôle).
En France, ces films sont interdits aux moins de 16 ans, mais on en voit pratiquement autant dans des téléfilms policiers diffusés en première partie de soirée sur nos antennes. Ebola Syndrome atteint toutefois des sommets dans l’immondice, et en devient le film d’horreur ultime aux côtés de Cannibal Holocaust, avec lequel il partage le même racisme latent insupportable.
Ces films ont néanmoins leur public, et certains d’entre eux ont d’ailleurs été programmés dans le cadre de l’Étrange Festival à Paris. Metropolitan rend hommage aux fans de cinéma bis en commercialisant ces éditions à un prix réduit, le tout dans un packaging très réussi. Il est néanmoins regrettable de ne trouver aucun supplément en accompagnement des films en dehors des bandes-annonces des titres de la collection.
Quant aux qualités techniques de ces DVD, elles sont hélas à la hauteur des films qu’ils recèlent. Les masters sont loin d’être irréprochables, et le son est souvent désynchronisé (à ce titre, une scène de tabassage dans Ebola Syndrome en devient franchement surréaliste et comique). Mais qu’importe, l’intérêt de cette collection ne réside pas là, mais plutôt dans le choix de films rares jusque-là uniquement trouvables en import qu’elle propose.