C’est le 27 juillet dernier que Youssef Chahine a fini par succomber à l’hémorragie cérébrale qui l’avait plongé dans le coma six semaines plus tôt. Dure année pour les cinéphiles qui assistent impuissants à l’hécatombe des plus prestigieux noms de l’art classé septième, tel Chahine. Premier réalisateur de langue arabe à s’imposer dans le monde, il devint rapidement une valeur sûre des festivals internationaux. Cinéaste contestataire (il a fait plusieurs jours de prison et lutté sans cesse contre la censure égyptienne), son style flamboyant, ses sujets ambitieux et sa volonté de tisser des liens entre différentes cultures séduisent. Comme disait Serge Daney : « Chahine est le seul cinéaste arabe qui tient à faire chez lui des films qui dé-provincialisent les fameux “rapports entre les peuples”. » Pour pouvoir continuer à tourner, il fut obligé de passer par le système de coproduction, avec la France notamment, mais il ne céda jamais aux sirènes de l’académisme. Dès les années 1990, on le récompensa de quelques prix honorifiques boiteux, ne sachant plus très bien quelle fut sa contribution au cinéma mondial. Sa mort sera peut-être l’occasion pour nous de la re-déterminer.