« Votre scénario est illisible, nous ne produirons pas votre film », « Votre film est trop pointu, nous ne le distribuerons pas ». Voilà ce que s’est entendu dire Jacques Doillon au sujet de son nouveau film, Le Premier venu. Après avoir mis cinq ans à faire ce film de toute beauté, le temps de réunir l’argent nécessaire, le cinéaste a eu bien du mal à le faire accueillir par les salles (jusqu’à la semaine dernière, il n’était prévu que sur quatre écrans parisiens). « Trop pointu », de qui se moque-t-on ? Du cinéaste sans aucun doute, du spectateur aussi. Les précédents films de Doillon étaient tout aussi exigeants que Le Premier venu, nombre d’eux eux ont pourtant trouvé leur public. Aujourd’hui, peu de chances sont laissées pour qu’ait lieu la rencontre, les décideurs déclarant d’emblée que le public n’a pas envie d’autre chose que de comédies anonymes et lénifiantes. Tandis qu’Astérix, dont personne n’a plus envie d’entendre parler, est encore visible sur plus de 500 copies, hâtons-nous d’aller voir Le Premier venu avant le cinquième jour fatidique où est compté le nombre d’entrées : pour ne pas laisser passer la chance de découvrir une œuvre magnifique, et permettre à un cinéaste qui a encore des choses à dire et que nous avons encore envie d’entendre, de ne pas être contraint d’arrêter là une si belle trajectoire.