Bonne nouvelle pour le cinéma indien : le voici mis à l’honneur cette semaine en France dans toute sa richesse et sa diversité. On oubliera l’énième cirque autour d’un Bollywood à bout de course avec le pitoyable documentaire présenté au festival de Cannes, simple accumulation de clips vidéo qui a beaucoup déplu en Inde. Alors que sort au même moment sur quelques écrans le joli premier film d’un cinéaste marathi, Maudite Pluie !, la Cinémathèque française redécouvre l’un des maîtres du cinéma bengali, Ritwik Ghatak (1925-1976), dont la renommée au Bengale n’a rien à envier à son confrère Satyajit Ray. En huit longs métrages et quelques documentaires, Ghatak a imposé sa vision idéaliste du monde et de l’art, en usant brillamment de la tradition indienne du mélodrame avec des œuvres de haute volée comme Subarnarekha ou L’Étoile cachée et leurs superbes héroïnes tragiques. On ne saura également que recommander la lecture du bel ouvrage publié autour de la rétrospective, Ritwik Ghatak, Des films du Bengale, qui devrait inspirer tout éditeur de cinéma. Reste LA question : ces efforts suffiront-ils un jour à convaincre le public que le cinéma indien ne se résume pas à un Bollywood qui fascine trop pour de mauvaises raisons ? Certains festivals et distributeurs français, bizarrement frileux, ont leur part de culpabilité; mais c’est la presse qu’il faut mettre en cause : à quoi bon parler de l’exception culturelle française quand, par manque de connaissances sur le sujet (et manque d’envie de s’y intéresser), on en reste au simplisme, à la facilité, et au glamour de mauvais goût ? Certes, Bollywood, c’est bien, mais le cinéma indien, c’est mieux. Du 1er au 15 juin, précipitez-vous à la Cinémathèque.