Ce court film de 68 minutes se pose comme un documentaire engagé sur le conflit israélo-palestinien. L’idée a d’ailleurs de quoi séduire car, voyez-vous, on y apprend des choses : saviez-vous qu’en Israël, il existe un examen d’entrée pour faire partie de l’armée ? Oui, oui, et les recalés ont droit à une session de rattrapage, avec différentes matières dont, et c’est ce qui nous intéresse ici, un cours d’éducation civique.
C’est ce que Silvina Landsmann nous propose de suivre, caméra à l’épaule, dans un affrontement verbal et dialectique entre le professeur et les apprentis militaires. Il est dit au début du film que le taux de réussite dans ce cours est désastreux, ce qui ne manque pas d’interpeller le spectateur. Au bout de dix minutes dans la classe, c’est entendu : il y a du pain sur la planche. En gros, les élèves sont des imbéciles qui ne cherchent que le conflit et l’extermination des Arabes, endoctrinés qu’ils sont par les médias et la religion. Point de vue détestable mais impossible à élaborer au montage, tellement les répliques fusent dans tous les sens. Ce sont donc des pans entiers de cours auxquels nous assistons, sans qu’aucun véritable parti-pris ne fasse évoluer le film dans une direction quelconque.
Derrière la fable entendue et un peu épuisante du professeur qui tente d’inculquer des valeurs de tolérance et de partage à des élèves ignorants se cache tout de même quelques éléments pertinents. Dans l’affrontement lui-même, qui donne à entendre à quel point les uns et les autres tentent de jouer sur les mots par mauvaise foi, ou dans une tentative désespérée de convaincre. Et de tenter, pierre par pierre, de trouver un terrain dialectique commun, un socle qui permette d’entamer un dialogue constructif, ce qui au fond est l’essence même de ce conflit israélo-palestinien. Il se tisse également en filigrane une réflexion sur la façon de gérer, d’orienter, de canaliser le débat à travers des discussions sur des sujets fondamentaux tels que la nature de la citoyenneté, des droits ou même de l’État israélien.
Et même si ce combat finit par tourner un peu en rond, on peut saluer le travail de captation de la réalisatrice qui, derrière un sujet lourd comme des sabots, réussit de temps à autre à sortir des idées reçues et conventions inhérentes à ce type de plaidoyer.