Fer de lance de la « reconquête » du public qu’appelait de ses vœux Jérôme Seydoux, au détour d’une couverture controversée du Film Français où ne figuraient que des hommes, Astérix et Obélix : L’Empire du milieu semble justement frappé par une crise de la masculinité. C’est même, dans les plis du gros spectacle franchouillard calibré qu’il s’attelle à redynamiser, son principal sujet : Astérix, en plein doute existentiel (il s’interroge notamment, dans la première scène, sur la qualité de son mode de vie, puis décide d’arrêter de manger de la viande), y apparaît comme une figure impotente, qui consomme honteusement de la potion magique comme un quinquagénaire commence à s’en remettre au viagra pour continuer à bander. Le dénouement du film fait sur ce point curieusement écho aux propos de Sandrine Rousseau sur le fond viriliste du barbecue : la réconciliation entre Astérix et Obélix est actée par une étreinte où les deux compères, avec une jouissance libératoire, se repaissent de cuisses de sangliers braisées. De son côté, César (Vincent Cassel) envahit la Chine pour reconquérir Cléopâtre (Marion Cotillard), qui l’a quitté pour un éphèbe grec, et dégaine, gêné, un glaive riquiqui symbolisant sa vigueur entravée.
Bref, on l’aura compris, tout cela ne vole pas très haut. L’Empire du milieu, avec son cortège de stars, est une machine pachydermique s’attelant en vain à reproduire la formule d’une franchise dont le mètre étalon reste le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat. Or le casting est probablement le point faible du film, alors même qu’il constitue son produit d’appel : Canet, acteur transparent, est accompagné d’un Gilles Lellouche qui a eu la désastreuse idée de calquer son jeu sur celui de Gérard Depardieu (en particulier son petit gloussement), quand Cassel se débrouille, tant bien que mal, avec les dialogues affligeants qu’il doit débiter. Mais alors, n’y a-t-il rien à sauver de ce kouglof ? Rien ? Non ! Une poignée d’acteurs résistent comme ils peuvent à la sinistrose ambiante. Ainsi de Ramzy, de Jonathan Cohen (forcément : ce sont, eux, de vrais acteurs de comédies) et surtout de José Garcia, extraordinaire, vraiment, en exubérant biographe portugais de César à l’accent à couper au couteau : il est une oasis de génie comique dans un désert de nullité.