Suite à une malencontreuse chute, Panoramix, druide du célèbre village d’irréductibles Gaulois, prend conscience du poids de l’âge et décide de partir à la recherche de son successeur. Ce périple, au cours duquel il rencontrera toute une panoplie d’apprentis manitous un peu nigauds, donne l’occasion au film de caricaturer l’adolescence de notre époque (on notera les « Selfix » et autres – passés de mode – « Techtonix »). Moins satirique qu’Astérix : Le Domaine des Dieux (selon l’esprit de l’œuvre d’Uderzo-Goscinny, qui se moquait de la bureaucratie absurde et néfaste), ce nouvel épisode signé Astier se concentre davantage sur la figure du druide et de sa crise du 3e âge. Reprenant les ingrédients qui ont fait la réussite visuelle du précédent film – les mouvements burlesques inspirés des cartoons – Astérix : Le Secret de la potion magique parvient toutefois à insuffler à son récit une teneur mélancolique (avec notamment la poudre magique que Panoramix élabora lorsqu’il était encore lui-même apprenti, et gardée en souvenir de sa jeunesse, dans un pendentif) camouflée dans un emballage loufoque.
Insuffler la magie du mouvement
Les différentes trouvailles visuelles – par exemple, l’utilisation du croquis animé pour figurer les souvenirs de jeunesse de Panoramix – évoquent assez astucieusement l’idée d’héritage, de transmission et d’initiation (de Panoramix à son protégé, des albums de BD au cinéma). À la légèreté chorégraphique de la séquence d’ouverture (le druide surfe d’arbres en arbres pour cueillir des ingrédients) se succède un générique musical animé en deux images, telle une saccade robotique. Le renvoi, dos à dos, de l’hyper fluidité de l’image animée en 3D à la rigidité du dessin, comme pour rendre compte d’un processus de réintroduction du mouvement, constitue finalement la meilleure idée du film.
Ses déplacements frénétiques ayant été stoppés par son accident, le druide cherche un successeur à même de prolonger la magie de l’animation. Les différentes séquences mettant en scène les rites de passage des apprentis sont ainsi traversées par cette même soif de mouvance (selon un double sens cinétique et émotif), Panoramix n’étant pas en quête du sortilège le plus utile, mais bien du plus beau. Malgré des péripéties finalement assez convenues et recyclées (le déroulement de l’histoire du Secret de la potion magique rappelle par certains égards le désastreux Astérix et Obélix contre César, réalisé par Claude Zidi), cet épisode est au moins porté par un véritable projet d’animation aussi naïf que sympathique.