Une querelle entre frère et sœur, voilà l’enjeu assez dérisoire de ce deuxième volet de La Grande Aventure Lego, qui organise une opposition binaire et genrée, qu’il s’agira de raccommoder à la fin, entre un univers de jeune adolescent (post-apocalyptique et désertique, inspiré de Mad Max) et de petite fille (pailleté, coloré et musical). Le film joue en effet, comme le premier volet, sur un jeu d’échelles qui articule le monde des Lego et le monde des humains. Dès les premières minutes, des Duplo (Lego pour très jeunes enfants) sont « envoyés » par la petite sœur et détruisent la ville de Bricksburg du grand frère. Cet événement marque le début d’une incompréhension mutuelle entre les deux mondes due à la différence d’âge entre les deux personnages. Mais leur disputes incessantes font planer une nouvelle menace sur le monde des Lego : une destruction de l’univers qui les renverrait tous dans le bac à jouets. Les figurines de la petite fille chercheront dès lors la cohabitation, sous l’impulsion d’une mystérieuse Reine aux mille visages capable de se transformer à sa guise dans la limites des blocs qui la composent.
Le film ménage une belle idée, incarnée par le personnage de Lucy : ses cheveux colorés teints en noir témoignent de son hybridité, à la fois ancienne figurine de la petite fille et guerrière du monde masculin de l’adolescent. C’est toutefois l’un des rares motifs d’intérêt de La Grande Aventure Lego 2, qui souffre d’un rythme frénétique constant, réduisant les péripéties des personnages à une succession de clins d’œil, de désamorçages comiques et de distances réflexives sur les franchises de la Warner. Le post-modernisme ludique (la création de mondes par un enfant) qui traversait le premier film se voit ainsi troqué pour un autre, lourd et superficiel. Lego Batman, le film et Lego Ninjago, le film, qui précédaient ce volet de la franchise, dessinaient déjà cet horizon avant tout publicitaire que le premier film évitait astucieusement.
La réconciliation entre la sœur et son frère, qui implique pour ce dernier d’abandonner son cynisme et son machisme (incarné dans le monde Lego par le personnage de Rex, double du futur d’Emmet, le héros candide), se conclut donc dans le jardin familial où la communauté soudée promise voit le jour. Cette fin convenue ouvre cependant sur la scène la plus réussie du film, à savoir son générique : en combinant les unes avec les autres les différentes figurines qui peuplaient les deux mondes antagonistes, le projet de cohabitation des Lego y est plus que jamais figuré.