Après le gros succès en salles du premier épisode, il était attendu qu’une suite des aventures du groupe de Robin des Bois magiciens arrive sur nos écrans. Dans la catégorie cinéma de pur divertissement, Insaisissables a eu le mérite d’être une île originale dans un océan d’adaptations diverses et variées. On y trouvait l’envie de créer des personnages à partir d’une feuille blanche et donc de courir le risque du neuf. Et si à l’arrivée le film était artistiquement oubliable, il n’était pas plus honteux que de nombreuses odes aux super-héros.
Sa suite pâtit des problèmes récurrents rencontrés par les deuxièmes épisodes de franchises commerciales. Le mystère entourant le concept a été levé au terme du premier film. Il n’y a plus d’effet de surprise qui tienne et l’équipe créative se retrouve dans une double contrainte, à devoir reprendre des éléments de ce qui a marché et tenter en parallèle de produire un peu de nouveau. Dans Insaisissables 2, comme trop souvent, c’est la première option – la plus facile à mettre en œuvre – qui a été privilégiée.
Redite et illisibilité
Le casting est de retour quasi au grand complet – des premiers aux seconds rôles. L’idée de s’appuyer sur l’existant permet pour le coup de prolonger les interactions entre les protagonistes à la manière des longs arcs dramatiques d’une série télévisée. Le principe n’est pas idiot notamment avec la reconduction comme principaux adversaires de Michael Caine et de Morgan Freeman – un peu en bout de course mais matois à souhait – dont la présence constitue l’unique source de plaisir du film.
Côté récit, le groupe de magiciens aux talents complémentaires restent des pourfendeurs des escrocs en tout genre (ils se placent cette fois en défenseurs de la vie privée remise en cause par des géants du web). Pour narrer leur sain combat, les scénaristes réutilisent la structure en poupée gigogne inversée du premier film où chaque rebondissement est un élément d’un seul grand tout qui sera dévoilé en épilogue.
Mais outre l’effet inévitable de redite, la copie a tendance à dysfonctionner, à perdre sérieusement en efficacité. À l’issue du tome un, les héros sont devenus des hors-la-loi pourchassés par la police et n’ont donc plus la possibilité de se produire en spectacle. Sauf que le côté show façon Las Vegas était le seul espace de mise en scène différenciant d’Insaisissables. Privée de ces échappées ludiques, ou du moins devant drastiquement les limiter en nombre, la suite se retrouve cantonnée à un film d’action classique avec les éléments habituels qui le caractérisent (braquage, poursuite, bagarre…).
Jon M. Chu, qui succède à Louis Leterrier derrière la caméra, répond à cette nouvelle direction avec un talent discutable. Les séquences d’action souffrent d’une chorégraphie vacillante, avec une confusion marquée entre rapidité d’exécution et lisibilité de la mise en scène. Si l’on ajoute une photographie d’une laideur repoussante, des décors en carton pâte, et des effets d’explosion low cost, le troisième épisode prévu devra remonter le niveau d’exigence sous peine de conduire à terme la franchise tout droit vers le direct-to-DVD.