Dans la désormais longue lignée des remakes des classiques horrifiques des années 1980 à la légitimité rarement plus que commerciale, voici venir ce Meurtres à la St Valentin 3D. La justification ? Elle tient en deux signes : 3‑D. Évidemment, prétendre à peu c’est réussir sans trop de problème – mais c’est aussi se réclamer d’une tradition de la série propre aux 80’s, qui fait plaisir à voir.
Après qu’Halloween (1978) de John Carpenter a lancé le mouvement, la maison de la famille américaine moyenne s’est remplie de meurtriers inanimés potentiels : couteaux de boucher, machette, piquet de tente, pelle, rame, tronçonneuse… jusqu’aux plus exotiques (ascenseur, frigo, machine à laver ou fauteuil de dentiste). Le prince de la discipline reste évidemment Freddy Krueger, le monstre fantasmatique aux scénaristes doués d’une imagination diabolique. Autant dire qu’entre Jason Voorhees (la série Vendredi 13), Freddy ou Michael Myers (Halloween), Meurtres à la St Valentin, sorti en 1981, fait bien pâle figure.
Dans cet ersatz de ce qui était déjà devenu un genre – le slasher –, un mineur fou décanille des gens à la pioche. Engoncé dans un modus operandi statique (pioche-masque à gaz-tuer), la seule porte de sortie de notre mineur homicide restait la surenchère – une méthode bien assimilée par les artisans de ce remake, avec en épice ajoutée, la 3D. Nous y voilà donc : un scénario un brin plus épais (autour du ressentiment d’une ville minière contre un jeune homme qui envisage de vendre et ferme la mine locale), un meurtrier à la pioche, et la 3D – autant dire que le sujet était fort peu engageant, à tort. Qu’est-ce qui différencie donc ce Meurtres à la St Valentin 3D du ratage du Vendredi 13 de Marcus Nispel ?
Tout simplement un constat de base : la plupart des remakes (notamment La colline a des yeux, Vendredi 13, Massacre à la tronçonneuse) portent sur leurs aînés un regard condescendant, et tentent universellement de rendre leur propos plus sérieux. Grossière erreur, que ne commet donc pas Meurtres à la St Valentin 3D. Si on est bien loin de la finesse et de la maturité du propos de Rob Zombie dans son remake de Halloween, c’est parce que le monteur Patrick Lussier, ici passé à la réalisation, ne possède manifestement pas l’univers personnel profondément inquiétant de Rob Zombie.
Mais la grande force de Lussier est de s’être souvenu d’une chose simple : les amateurs de cinéma bis, des slashers de série B, fréquentaient assidûment les salles avant tout pour se réjouir de la catharsis drolatique que constituait l’équarrissement méthodique d’une poignée de protagonistes diversement crétins par un assassin mystérieux, ou non. L’argument était accessoire : tant mieux s’il était bon, sinon tant pis. Ce qui fait que Meurtres à la St Valentin 3D, tout scénaristiquement bancal qu’il soit, présente avant tout un catalogue réjouissant de scènes profondément 80’s, dans lesquelles transparaissent à la fois un amour sincère du sous-genre, et une capacité évidente à rire de ses propres faiblesses, ce qui emporte finalement l’adhésion. « Rien ne clame “film-à-drague” comme un voyage en 3D direction l’enfer », lance fièrement l’un des slogans du film aux U.S.A. – ce qui est bien au diapason d’un film bête, gratuit (avec certainement la scène de nu la plus gratuitement longue vue depuis longtemps), mais finalement drôle, et qui ne décevra pas les amateurs de slasher vintage.