My Beautiful Boy s’ouvre sur un plan fixe où David Sheff (interprété par Steve Carrel), placé au centre du cadre, fait face à la caméra. Un très lent zoom avant isole et enferme encore un peu plus l’homme dans le cadre à mesure qu’il expose sa faiblesse et avoue son désarroi face à l’addiction de son fils pour la méthamphétamine. La visée de cette ouverture est très nette : le film entend prendre le spectateur comme témoin actif et conscient du combat de ce père.
Pour son sixième long-métrage, Felix Van Groeningen adapte deux autobiographies intimement liées en un seul scénario (Beautiful Boy: A Father’s Journey Through His Son’s Addiction de David Sheff et Tweak : Growing Up on Methamphetamines de son fils, Nic). En faisant cohabiter les versions du père et du fils, le film ambitionne de représenter la descente aux enfers d’un jeune homme du point de vue de sa famille écorchée. Quelques courts flashbacks suffisent à dépeindre la perfection passée d’une vie paisible (une séparation bien vécue, un remariage heureux et une famille recomposée en harmonie, une scolarité brillante…), à rebours des stéréotypes généralement associés à la toxicomanie. Ces nombreux flashbacks viennent également mettre en lumière l’amour et la profonde connexion que partagent depuis toujours père et fils, quitte à insister, un peu lourdement, sur l’absence de signes avant-coureurs.
Si le film jouit de quelques beaux moments – notamment grâce aux interprétations de Steve Carell et de Timothée Chalamet –, le récit ne parvient pas à se libérer de ses intentions didactiques sur les multiples effets néfastes de la drogue et peine à donner de la consistance à ses personnages. À trop vouloir représenter les répercussions de son addiction sur ses proches, le film élude ainsi le point de vue du fils et les origines de son profond mal-être qui le conduisent à ce comportement autodestructeur. Il est ainsi réduit à sa condition de junky condamné à replonger, les séquences consacrées à sa version de l’histoire se contentant d’effleurer entre deux scènes de shoot sa lutte contre ses démons. Malgré un épilogue percutant, le film souffre d’un excès de pudeur, à l’inverse des précédents films de Felix Van Groeningen.