Présenté au dernier Festival de Cannes, Nostalgia constituait peut-être le film le moins excitant parmi ceux concourant à la Palme d’or, au point que l’on se demandait en mai dernier comment un drame aussi pantouflard avait réussi à se frayer un chemin jusque dans les rangs de la compétition officielle. Le film raconte le retour de Felice (Pierfrancesco Favino) dans sa ville natale de Naples, quarante après son départ. La redécouverte des rues de son enfance fait naître chez lui un désir (repeupler son passé, renouer avec son histoire) dont se dégage rapidement un parfum mortuaire. Il retrouve ainsi sa vieille mère pour mieux l’accompagner vers la tombe, ou arpente de nouveau les rues de son quartier, la Sanita, pour constater qu’elles sont plus que jamais gangrenées par la violence meurtrière de la mafia.
Plus loin, Felice s’émeut de la beauté des catacombes, se perd dans la nostalgie des souvenirs, puis se confronte au trauma d’un meurtre qu’il a longtemps essayé d’oublier et finit par croiser son ancien ami, parrain local si redouté qu’on l’appelle le « mauvais homme ». Bref, tout le récit, qui s’étale sur deux heures sans passion ni envie, s’articule autour d’une pulsion de mort pour s’acheminer vers une conclusion que l’on voit venir à dix kilomètres. Sous le vernis d’un portrait complexe, le vide : Nostalgia est de ces films sur la nostalgie où les personnages marchent les mains dans les poches, la tête en l’air, en regardant les façades des immeubles avec un air à la fois grave et pensif. Voir Naples, et puis dormir.