The Descent, il y a quatre ans de cela, révolutionnait l’horreur occidentale, injectant (beaucoup) de sang neuf dans une industrie qu’on pensait moribonde face à la suprématie asiatique, et la tendance maladive d’Hollywood à recycler l’horreur d’Asie sans prendre plus de risques. Succès public, critique et commercial, le film appelait une séquelle, prospective qui faisait plus peur que tout The Descent, ce qui est beaucoup dire. Était-ce donc justifié ?
On le sait, Neil Marshall, le réalisateur du Descent originel (et des plutôt amusants Dog Soldiers et Doomsday) a passé la main concernant la séquelle du film qui l’a révélé au grand public fantasticophile, pour aller faire le farceur avec Rhona Mitra, Mad Max et Snake Plissken. C’est donc Jon Harris, le monteur du premier, qui dirige The Descent 2 – de ce point de vue, le film tient du remake calqué, tant la photographie, la mise en scène et le montage rappellent de façon impressionnante le premier épisode.
Dès les premières images, les craintes des amateurs du premier épisode se réveillent : serait-on en présence d’une suite fade, uniquement destinée à capitaliser sur la réputation du premier film ? Le premier aperçu du scénario donne également cette impression. Résumons pour ceux qui ne suivent pas depuis le début. The Descent met en scène six amies, sportives de haut niveau, qui décident de se lancer dans une exploration spéléologiques dans les Appalaches. Égarées dans un réseau inconnu, elles vont tomber face à d’étranges créatures qui vont les décimer l’une après l’autre et précipiter la seule survivante dans des abîmes de sauvagerie, qui seuls lui permettront de survivre.
Voilà pour le prologue. On appréciait, notamment, la cohérence scénaristique, qui voulait que nos héroïnes, loin des scream-queens traditionnelles du film de peur, soient sportives et intelligentes. On ne joue pas réellement dans la même cour avec The Descent 2 : notre survivante, amnésique et sous le choc, est prise en charge par la police à sa sortie, qui enquête sur la disparition du groupe. À l’insu de tous, le shérif local, bedonnant cinquantenaire, décide de descendre dans les canaux d’une ancienne mine locale pour rechercher les autres survivantes, avec une équipe de spéléos, son adjointe, aussi sportive que lui, et notre héroïne, shootée et sous le choc. Ben voyons.
S’il existe quelque part un facétieux festival de cinéma qui récompense les scénarios-prétextes sans vergogne, gageons que ce point de départ soit un sérieux concurrent. Fort heureusement, une fois sous terre, évidemment tout se gâte, et c’est là que The Descent 2 prend son envol – un exploit pour un film souterrain, avouez. À la vision de The Descent, on pouvait se dire que toutes les déclinaisons des terreurs potentielles offertes par un réseau de cavernes enténébrées peuplées de monstres troglodytes avaient été rigoureusement passées en revue – mais non.
Au fur et à mesure de sa progression, The Descent 2 va donc déployer une nouvelle fois une approche réfléchie de la peur viscérale, déroulant le film comme un catalogue de péripéties effrayantes et plutôt bien amenées (avec, à l’occasion, une digression d’un humour douteux assez impertinente), le tout filmé avec une belle application pour maximiser les effets de peur. C’est donc un jeu que ce Descent 2 : un jeu entre le spectateur et l’équipe du film, l’un s’attendant à des figures imposées, les autres trouvant souvent (pas toujours, hélas), le moyen de les subvertir et de rebondir intelligemment sur le thème imposé.
C’est rétrospectivement une des seules approches pertinentes pour une série B telle que The Descent 2 : puisque la terreur pure a été finalement anesthésiée par le premier épisode, reste à jouer plus sur la surprise que la peur. Et des surprises, The Descent 2 en comprend beaucoup – un sujet sur lequel on ne s’étendra pas pour ne rien éventer…
The Descent 2 ne révolutionnera pas le cinéma d’horreur de la même façon que son prédécesseur, c’est un fait. Reste que les craintes de récupérations plates de la franchise à la mode Saw sont écartées. Réalisé pour le public américain (le début du film est d’ailleurs adapté à la fin américaine du premier, moins sombre que notre version), le film tient beaucoup du train fantôme, à l’image, toutes proportions gardées, du superbe Jusqu’en enfer. Pas si mal, finalement.