C’est des suites d’une chute dans un escalier que le graphiste, sculpteur et designer suisse Hans Rudolf « Ruedi » Giger est mort hier, à l’âge de 74 ans.
De ses quelques collaborations avec le cinéma, on se souviendra le plus assurément de son design de l’inoubliable créature « xénomorphe » du chef d’œuvre Alien de Ridley Scott, de ses suites et du prequel déguisé Prometheus (on le crédite aussi, entre autres, d’un design de Batmobile non utilisé pour Batman Forever…). Mais si cette création a bien assis durablement sa notoriété, elle ne reste qu’une facette dans l’œuvre d’un artiste aux multiples disciplines, dont le talent attira l’attention de domaines aussi divers que la décoration d’intérieur, les pochettes d’albums musicaux ou encore le jeu vidéo (les vénérables Dark Seed et Dark Seed II). Sous diverses influences où se croisent Gustave Moreau, Ernst Fuchs, Salvador Dalí et H.P. Lovecraft (une de ses œuvres graphiques ne s’intitule-t-elle pas Necronomicon ?), Giger résumait l’essentiel de son travail sous le terme « biomécanique » : la fusion intime, voire dérangeante par son caractère érotique, de le chair et du métal. Organes et mécanismes s’y interpénètrent dans une harmonie obscènement parfaite, véhiculant une imagerie lourde de symbolisme fétichiste et de suggestion sur cette relation entre le naturel et l’artificiel qui pourrait bien faire partie de nous.
L’œuvre de H.R. Giger peut être découvert au musée qui lui est consacré au château Saint-Germain à Gruyères, dans le canton de Fribourg (Suisse).