Visage chabrolien par excellence, Stéphane Audran est décédée ce mardi 27 mars 2018. Pendant près de 60 ans devant la caméra, l’actrice souvent affublée du prénom Hélène a incarné, avec sa consœur Delphine Seyrig, la blondeur névrotique et glaciale de la grande bourgeoise française du siècle dernier. Sa première apparition date de 1957 dans Le Jeu de la nuit de Daniel Costelle aux côtés de Maurice Pialat. À partir de 1959, elle démarre une longue et fructueuse collaboration avec le réalisateur Claude Chabrol : Les Cousins, Les Bonnes Femmes (1960), Les Biches (Ours d’argent en 1968), La Femme infidèle (1969), La Rupture (1970), Le Boucher (1970)… Elle jouera à plusieurs reprises avec Jean-Louis Trintignant, mais aussi avec Michel Bouquet, Jean-Pierre Cassel, Jean Yanne, Donald Sutherland.
Stéphane Audran obtiendra le BAFTA de la meilleure actrice pour Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel et Juste avant la nuit de Claude Chabrol en 1974. Cinq ans plus tard, elle recevra le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Violette Nozière de Claude Chabrol. S’ensuivent trois nominations pour ce même prix : Coup de torchon de Bertrand Tavernier en 1982, Paradis pour tous d’Alain Jessua en 1983, et Mortelle randonnée de Claude Miller en 1984.
D’autres films plus tardifs ont imposé Stéphane Audran dans le rôle-titre : Le Festin de Babette, inspiré d’une nouvelle de Karen Blixen et Oscar du meilleur film étranger en 1988. Elle joue pour la dernière fois à l’écran dans La Fille de Monaco d’Anne Fontaine en 2008.
On pourra la découvrir une dernière fois dans le film inachevé d’Orson Welles The Other Side of the Wind, terminé et restauré en 2018 par la plateforme Netflix.