La Cinémathèque Française a l’excellente initiative de proposer une rétrospective Juliet Berto, du 10 au 21 novembre. Mythique actrice chez les plus grands (Godard et Rivette notamment), et elle-même réalisatrice d’un court métrage et trois films, Juliet Berto a su se forger une image d’actrice lunaire, à la fois téméraire, pleine d’humour et mystérieuse. Une bonne occasion de voir les films de la réalisatrices, introuvables aujourd’hui, et de voir (ou revoir) une belle sélection des plus importantes collaborations entre Berto et toute une génération de cinéastes. Au niveau des « classiques », on trouvera dans cette sélection deux grands films de Jean-Luc Godard époque Mao (La Chinoise et Le Gai Savoir) ainsi qu’un Glauber Rocha (Claro), deux chefs d’œuvre de Jacques Rivette qui font part belle à Berto (le pétillant Céline et Julie vont en bateau et le sombre et mélancolique Duelle), le Monsieur Klein de Joseph Losey, ainsi que toute une sélection de réalisateurs plus confidentiels à découvrir. Si Juliet Berto [1947-1990] a fréquenté la génération des cinéastes de la Nouvelle Vague, elle arrive dix années après leurs débuts, et représente en quelque sorte leur évolution stylistique et intellectuelle, vers une époque plus libérée, où les sujets ont changé, les désirs aussi. Actrice véritablement témoin de son temps, Berto, plus que le signe de son époque, la cristallise plutôt dans une incarnation vivante et mouvante, qui a beaucoup apporté au cinéma.