Quel beau triomphe pour Abdellatif Kechiche et La Graine et le mulet, trois ans après L’Esquive ! Meilleurs film, réalisateur, scénario original et espoir féminin… Avec les récompenses attribuées à Sami Bouajila (second rôle masculin pour Les Témoins) et Persepolis (premier film, scénario adapté) et la générosité de Jeanne Moreau, qui a donné son César d’honneur à l’équipe de Naissance des pieuvres, on en oublierait presque quelques ratés, dont la censure du discours de remerciements de Mathieu Amalric, sacré meilleur acteur mais absent pour cause de tournage. À la poubelle, le manifeste du comédien sur la lutte à mener pour la protection des petites salles. Une cérémonie sans remous, une Christine Albanel bien tranquille : à quoi sert de récompenser ce cinéma-là si c’est pour faire taire ceux qui le défendent ? Derrière la jolie vitrine du triomphe international de Marion Cotillard, les fossoyeurs sont-ils en train de tresser des couronnes au « cinéma du milieu » cher à Ferran et Kechiche pour mieux l’enterrer ?