Présenté à l’ACID à Cannes cette année, Wajma, une fiancée afghane, de Barmak Akram, sort en salles ce mercredi 27 novembre. Portrait d’une certaine société afghane contemporaine moins spectaculaire que celle tristement sous le feux de l’actualité, Wajma… raconte le drame de personnages déchirés entre tradition et modernité. Rencontre avec l’auteur de ce film élégant porté par une belle énergie.
J’ai découvert Wajma et Mostafa dans une pièce de théatre en 2010. J’avais mon histoire en tête et j’avais pensé à Golshifteh Farahani (qui joue notamment dans À propos d’Elly, d’Asghar Farhadi) pour interpréter le personnage de Wajma. Elle était d’accord mais quand j’ai découvert Wajma Bahar, avec ce drame intérieur qui s’affiche sur son visage, c’est elle que j’ai choisie. Mostafa Habibi et elle se connaissaient très bien, quand je les ai vus jouer j’ai trouvé que leur duo fonctionnait. Alors j’ai composé les rôles en fonction d’eux. Cela fait huit ans qu’ils ont intégré le Théâtre Aftaab («du Soleil») créé par Ariane Mnouchkine en Afghanistan (formation qui a permis l’émergence de comédiens professionnels dans le pays, que nous avions peu auparavant). En Afghanistan d’abord, et depuis 2010 en France où ils ont obtenu une bourse Il était impossible de trouver une comédienne afghane qui accepterait de jouer le rôle de Wajma, celui d’une jeune fille «dévergondée». Dans les pays du Tiers Monde, il y a souvent une confusion entre la fiction et la réalité. On pense que le rôle qu’ont les acteurs, c’est leur vie. Le personnage de Wajma est considéré comme négatif et les actrices n’auraient pas voulu le jouer. Même si dans mon film on n’est pas dans cette dimension-là, de bons ou de mauvais personnages. C’est une chronique sociale, les gens vivent leur vie, je les montre tels qu’ils sont, sans les juger. Ça n’a pas été facile non plus avec Wajma Bahar, qui est une fille pudique, une Afghane traditionnelle. Pour la scène où ils vont à Karga par exemple, je lui ai demandé d’être sensuelle mais elle n’y parvenait pas. Avec Mostafa, on essayait de la dévergonder mais ça ne marchait pas. À un moment, quand elle l’entend lui dire qu’il aime ses fesses, on ne le voit pas vraiment mais elle jette un coup d’œil à la caméra, parce qu’elle est surprise et gênée par cette réplique, qu’elle ne connaissait pas à l’avance. L’effet fonctionne bien, la surprise l’a mise dans un état de fébrilité qui correspondait à ce que je recherchais. Lorsqu’elle jouait la scène à Karga, elle ne savait pas encore que le film prévoyait qu’elle ferait l’amour avec Mostafa en ellipse. C’est grâce à ce dernier, et à la complicité qu’il a avec elle, que les choses ont été possibles. Grâce au courage de tous les acteurs que ce film a pu se faire.
Les autres comédiens sont-ils des professionnels ?
La famille de Wajma dans le film est sa vraie famille, sa mère, sa grand-mère et son frère, et le film a été tourné dans leur vraie maison. Les membres de la famille de Mostafa sont ceux de ma propre famille. J’ai fait un film cassavetien. Dans la réalité, celui qui joue le frère de Wajma est aussi passionné par les pigeons et les combats de chiens, comme dans le film. Avec son personnage de jeune paumé, je voulais montrer le chômage chez les jeunes, qui n’ont rien à faire et qui donc s’adonnent au jeu, aux combats, qui leur permettent aussi de gagner un peu d’argent. Les pigeons, ils les capturent et les revendent. Breshna Bahar, qui interprète la mère de Wajma, est comédienne pour la télévision afghane. Son jeu est hérité de la tradition bollywoodienne et il était difficile de la retenir pour qu’elle ne surjoue pas. C’est pour ça que je l’ai parfois mise en situations réelles. La scène à l’aéroport par exemple a réellement eu lieu dans la vie de Breshna et Wajma : j’ai filmé le moment où la jeune fille quitte sa mère pour partir vivre en France. Elle pleure, elle ne sait pas quand elle va revenir. Et j’ai filmé les vraies larmes de la mère dans la voiture après les adieux. J’ai vraiment tourné un semi-documentaire.
Le tout dernier plan, sur l’avion dans le ciel, m’a dérangée. Je le trouvais trop explicatif, parce que l’on avait compris que Wajma était partie.
On sait qu’elle est partie mais on ne sait pas ce qu’il va lui arriver. Car elle pourrait aussi changer d’avis et renoncer à avorter, ou bien Mostafa pourrait la rappeler à lui. En montrant l’avion dans le ciel (et non Wajma qui entre dedans par exemple), je voulais montrer la suspension. Comme dans le dernier plan de Thelma et Louise, celui de la voiture suspendue en l’air au-dessus du ravin. Nous avons là un problème sans solution, car toutes celles qui sont envisagées sont horribles. C’est au spectateur de choisir en imagination comment Wajma va s’en sortir.
La limpidité avec laquelle se déroule votre histoire est marquante. Comment avez-vous écrit puis tourné ce scénario ?
J’adore les documentaires, j’en ai d’ailleurs tourné plusieurs. J’essaie de faire mes fictions comme des documentaires, avec légèreté. Je tourne en lumière naturelle, les figurants sont de vrais gens. Pour les plans dans la ville, par exemple dans les taxis, je me camouflais tel un documentariste, et les taximen étaient d’accord en général que je les filme. J’ai attendu qu’il y ait un vrai mariage dans ma famille pour tourner la scène du mariage. Il n’y avait pas de scénario préétabli. J’ai fait un film moderne dans la manière de le construire. Je n’ai pas écrit de dialogues, parce que l’Afghanistan a une tradition d’oralité, on apprend tout par cœur dans ce pays, les poèmes par exemple. Je voulais une liberté qui n’est possible que si l’on n’a pas de scénario verrouillé. Je décrivais les situations aux comédiens et ils les jouaient avec leurs propres mots. Je ne leur ai pas raconté l’histoire. On a tourné dans l’ordre chronologique, ils ne savaient pas vers où allait le film. Le suivi de la psychologie des personnages était plus facile ainsi. On a tourné pendant deux mois. Je montais aussitôt les scènes tournées, d’étapes en étapes, comme un peintre, de la démarche duquel je me sens proche d’ailleurs, ayant fait les Beaux-Arts et les Arts Déco, en peinture. Si j’ai pu bénéficier de cette souplesse, c’est aussi que je suis mon propre producteur. J’ai financé mon film tout seul, avec mon propre argent et en faisant un emprunt. Il n’y a eu aucun apport extérieur. C’est aussi moi qui tenais la caméra (j’ai fait la formation image à la Fémis et j’ai souvent travaillé en tant que caméraman), et moi qui ai monté. Ajuster, modifier le film au fur et à mesure était d’autant plus possible que j’étais aux postes clés. Je faisais venir les comédiens au montage pour qu’ils améliorent leur jeu par rapport à la caméra, à laquelle, venant du théâtre, ils n’étaient pas habitués. J’ai bénéficié d’une liberté géniale. Parfois, on s’arrêtait trois jours pour monter une séquence avant de faire la suite. La musique est un autre élément expérimental du film, je l’ai composée moi-même (et avec l’aide de Matthieu Chedid) avant le tournage puis je l’ai faite écouter aux comédiens pour qu’ils se mettent dans l’ambiance. Et j’ai pu la monter tout de suite avec les images. C’est une musique à la fois moderne et ethnologique. Je pensais aux Maîtres fous de Jean Rouch, qui traite de traditions, de cultures et de religion, avec une musique moderne. Je ne voulais pas d’une musique carte postale, locale.
La construction du film est remarquablement efficace tout en apparaissant naturelle. C’est notamment tout en finesse que les personnages, à un moment donné, sont montrés sous un autre aspect que ce qu’ils apparaissaient au début. On les perçoit d’abord comme des êtres modernes, puis c’est tout ce qui les rattache encore aux traditions qui prend le dessus.
J’ai voulu être très concis. Au départ, le film durait 1h45, puis j’ai élagué au maximum. La deuxième partie est tellement violente qu’il n’était pas nécessaire d’y rester trop longtemps. Ce que je voulais montrer dans un second temps, c’est que quand on est cernés par les règles de la société qu’on ne peut pas surmonter, on se laisse aller, on s’écrase. Au départ, Wajma va chez le médecin pour avorter. Mais il lui rappelle les règles de la religion et celles de la société, qui en découlent, et Wajma change de position, elle ne veut plus avorter, considérant que cela est un crime. Ce rappel des règles est une mort sociale pour elle. Son père, lui, est préoccupé par le regard des autres. Il aime sa fille, mais son déshonneur est plus fort que tout. Je voulais montrer la double face de ce personnage : en tant que démineur, il est très noble, il risque sa vie pour sauver celle des autres, pour réparer son pays. Mais quand il est obligé de sauver son honneur, il est prêt à tuer. Il a laissé Wajma faire des études, mais en même temps il le regrette.
Le problème que pose le film, au fond, est de savoir s’il est possible de bénéficier d’une liberté, même minime, en Afghanistan. Car à partir du moment où il y a liberté, par nature, il y a le risque de dépasser les limites.
Exactement. C’est bien pour ça que le gouvernement et les islamistes prônent une absence totale de liberté. Quand le père va voir le procureur, ce dernier lui dit de ne pas aller voir la loi, car elle est impuissante.
Et absurde. La loi dit que si l’on surprend deux amants, on peut les tuer innocemment. Mais si on sait qu’ils ont fait l’amour sans les voir et qu’on les tue, alors on risque la prison à perpétuité ou la mort.
Selon la Charia, tuer deux amants que l’on surprend est mis sur le compte du crime passionnel, et il est excusé.
L’image que vous donnez de l’Afghanistan est bien éloignée des clichés. On voit peu de burkas par exemple, et peu de traces de la guerre.
Je voulais faire un film sur la situation des femmes qui ne soit pas valable seulement en Afghanistan. Bien sûr, le problème de la virginité est propre aux pays musulmans, mais pas celui de l’avortement, que l’on retrouve dans le monde entier. Femme soumise, bannie, violentée… même en France ça existe. L’Afghanistan est devenu le mur des lamentations pour les Occidentaux, on oublie qu’ailleurs aussi on a ce genre de problèmes. Quant à la guerre, je voulais la traiter de façon métaphorique et davantage me concentrer sur l’après-guerre. Par le travail de démineur du père par exemple. Il cherche une mine pour résoudre les problèmes de son pays mais c’est dans sa famille que ça explose. Il est démineur dehors, mais pas chez lui. D’ailleurs, une bombe explose avant qu’il n’apprenne le drame qui va le frapper.
Ces démineurs appartiennent-ils majoritairement aux classes pauvres ?
Ils sont payés par des ONG étrangères, ils ont des assurances, s’ils meurent leurs familles reçoivent une aide. Comme il n’y a pas de travail en Afghanistan, les gens acceptent d’être payés 600 dollars pour déminer, alors qu’ils n’en gagnent que 50 pour un autre métier. Mais souvent aussi, ils sont massacrés par les Talibans, qui veulent conserver les mines qui les protègent et leur permettent de se cacher, et qui reminent.
Quelle est la proportion de familles ouvertes comme celle de Wajma et de familles patriarcales ?
Il y a bien sûr davantage de liberté dans les villes. À la campagne, l’intégralité de la population respecte la tradition, burkas et femmes cloîtrées. À la campagne, Wajma et Mostafa seraient tués sans discuter. Avant de tourner la scène sous la neige, pour le mettre en condition, j’ai demandé au comédien qui interprète le père de Wajma, et qui a une fille de 17 ans, ce qu’il ferait si cette histoire lui arrivait en vrai. Il a répondu qu’il tuerait les deux amants. Pour lui, dans le film le père doit se venger. Mais je lui ai fait faire autre chose, pour que le film soit comme une catharsis, parce que, pour citer Bazin, «le cinéma substitue à nos regards un monde qui s’accorde à nos désirs».
Pourquoi Mostafa n’épouse t-il pas Wajma ?
C’est une question récurrente de la part de spectateurs occidentaux, je me suis rendu compte qu’il y a un décalage par rapport aux spectateurs afghans. Pour eux, la question ne se pose pas : une fille qui n’est pas vierge, on ne peut pas l’épouser, c’est tout. Mostafa n’a qu’un doute sur la virginité de Wajma, mais ce doute suffit à rendre le mariage inconcevable. Pour Mathieu Amalric, qui m’a conseillé sur le scénario, on ne comprend pas Mostafa et on trouve que c’est un salaud. C’est pour ça qu’il m’a conseillé de l’évacuer du film, parce qu’on n’a plus envie de le voir. Et aussi parce qu’à ce moment-là c’est la société qui prend le dessus, les lois écrasent les individus. Mais le personnage est plus complexe que ça, car s’il n’épouse pas Wajma, c’est aussi qu’il a vécu en Iran où l’on a davantage de liberté qu’en Afghanistan, qu’il n’est pas pressé de se marier, qu’il est amoureux mais qu’il cherche à découvrir, en prenant son temps. Pour lui, c’est un drame, un affront, de se dire que Wajma n’est peut-être pas vierge.
Mais Wajma n’est pas une fille dévergondée…
C’est juste une fille qui tombe amoureuse. Qui est aussi fascinée par Mostafa parce qu’il appartient à une classe sociale plus élevée que la sienne. Lui a un appartement alors que chez elle il n’y a pas d’eau courante ni d’électricité.
Les plans larges de Kaboul qui scandent le film donnent une double impression. À la fois on respire, loin de la tragédie que vivent les personnages, et à la fois on ressent l’engoncement de la ville…
J’aime beaucoup la phrase que Reza Serkanian (réalisateur de Noces éphémères et membre de l’ACID) a écrit sur mon film, qui dit que «les plans larges ne nous cachent rien». Par ces plans, je voulais montrer Kaboul aujourd’hui. Du temps des Talibans, il n’y avait pas un seul arbre dans la ville, les gens les coupaient pour se chauffer tellement c’était la misère. Aujourd’hui c’est devenu verdoyant. La neige aussi cache la misère, on pourrait se croire en Suisse! C’est vrai que ces montagnes donnent un sentiment d’étouffement. Dans Poussières de guerre : le temps des larmes, de Christophe de Ponfilly, les soldats russes qui reviennent d’Afghanistan racontent que les montagnes afghanes les rendaient fous, qu’elles les oppressaient. En effet, on a l’impression qu’on ne peut pas aller de l’autre côté. Par ces plans larges de Kaboul, je voulais aussi rendre compte des ambiances sonores de la ville, que j’ai travaillées avec Pascal Villard (pour le montage son) et Jean-Paul Hurier (pour le mixage) qui ont fait la Fémis avec moi et qui sont devenus des stars, avec plusieurs films à Cannes cette année.
Qu’en est-il du cinéma en Afghanistan ? Que produit-on ? Est-il facile d’obtenir des autorisations de tournage ?
Je n’aurais pas forcément obtenu des autorisations de tournage si j’avais décrit les scènes telles qu’elles étaient écrites. J’ai demandé des autorisations pour un documentaire, car j’en ai souvent faits, et on me les a données. De toutes façons, les autorités sont trop occupées par la corruption pour avoir la disponibilité de me créer des problèmes. En Afghanistan il n’y a pas encore d’aides pour des productions de longs métrages de cinéma. Il y en a pour des séries télévisuelles de commande, des films pour lesquels l’ambassade américaine donne de l’argent. Ils doivent par exemple parler des effets néfastes de la drogue, ou montrer sous un jour positif l’armée afghane, en décrivant les soldats comme des héros, même si en réalité ils sont corrompus. Le cinéma est à l’abandon. Certains jeunes commencent à faire des courts métrages, sans formation, ils se débrouillent pour trouver de l’argent ici ou là, les comédiens sont même prêts à payer pour participer à un film qui feront d’eux des héros. Ces films-là ne dépassent pas les frontières. Il y a aussi un collectif, Jump Cut, constitué de jeunes qui ont étudié le cinéma en Iran et qui ramènent leur savoir-faire en Afghanistan. Avec ma société de production afghane, Kabuli Film, et ma société française, Ariroad, j’ai l’intention de produire des séries de dix films : réalisés par des femmes, ou des jeunes, ou des documentaires… Pour faire travailler les jeunes sur autre chose que sur des films de commande racontant les effets néfastes du pavot!
Y a-t-il des salles de cinéma en Afghanistan ?
Elles sont dans un piètre état, c’est pour ça aussi que le cinéma ne peut pas avoir de place. L’importance de la télévision est exponentielle, il y a dix ans il y avait une seule chaîne nationale, maintenant il y en a plus de trente. C’est incroyable, cette explosion n’existe dans aucun pays limitrophe. Ces chaînes diffusent surtout des séries indiennes et turques, et les gens sont totalement accros. Ils consomment aussi beaucoup de DVD. S’ils ne vont pas au cinéma, c’est aussi à cause de l’insécurité. Ça n’est pas facile de sortir le soir en Afghanistan. Et on n’amène pas ses enfants dans une salle jonchée de détritus, où les gens fument etc. Quand j’ai projeté L’Enfant de Kaboul, il y avait des rats dans la salle! En 2004, les Français ont retapé le cinéma Ariana, avec l’aide de Claude Lelouch notamment. Mais ils n’ont pas su convaincre les gens avec le cinéma d’auteur qu’ils diffusaient, alors ils l’ont donné à un autre exploitant qui projette des films de Bollywood.
Qu’est-ce qui a changé, selon vous, en Afghanistan ?
Le pays a un bon taux de croissance. Il y a énormément de nouvelles constructions, des routes, des hôpitaux, de plus en plus de bâtiments tels que celui où a lieu le mariage dans le film par exemple. C’est une manière de blanchir l’argent sale qui circule. La production d’opium s’est multipliée par deux depuis l’arrivée des forces internationales.
Quelle évolution de la société, des mentalités ?
Les mentalités ont changé parce que l’histoire que mon film raconte est possible aujourd’hui. Au temps des Talibans, c’était impossible car les jeunes filles ne pouvaient pas sortir de chez elles. Le téléphone portable, Internet et la télévision sont en train de changer cette société à grande vitesse. Les jeunes gèrent ces outils, pas les vieux. Les jeunes s’envoient des SMS très hard, coquins, alors que leurs parents ne savent même pas comment fonctionne un téléphone portable. Tous les jeunes Afghans sont sur Facebook. L’évolution est en cours, avec les nouvelles technologies et la mondialisation, c’est un chemin de non-retour. En raison de l’énorme taux de chômage, tous ces jeunes essaient de quitter le pays, pour les États-Unis, l’Europe, notamment les pays scandinaves qui en ce moment sont assez ouverts à l’immigration.
Votre film sera-t-il diffusé en Afghanistan ?
Avant de montrer le film dans mon pays j’ai dû le faire passer à la commission de censure pour obtenir un visa d’exploitation. Je craignais le pire, avec des phrases telles que «je suis amoureux de tes fesses», ou la scène du baiser, qui est le premier dans le cinéma afghan. Mais les membres du comité de censure ont adoré le film, l’un d’eux a même versé des larmes, concluant qu’il était éducatif et qu’il fallait le montrer aux jeunes et à la population, tel qu’il était. Selon eux il n’enfreint aucune règle de l’Islam. D’ailleurs, le film a fait l’ouverture du Festival des droits de l’homme à Kaboul. Les jeunes sont venus si nombreux qu’il a dû y avoir une seconde projection pour les journalistes qui n’ont pas pu entrer. Et Wajma représente officiellement l’Afghanistan aux Oscars.