Du soleil pour l’hiver (2005) et L’Apprenti (2008) portaient assez de belles promesses pour que l’on attende le second long-métrage de Samuel Collardey. Une attente malheureusement très largement déçue.
Il faut reconnaître un mérite à Samuel Collardey, celui de ne pas avoir répété une recette ou récité des gammes qu’il maîtrise parfaitement ; la justesse d’un geste et d’un regard mis en œuvre dans ses deux films précédents (un court et son premier long) centrés sur des adolescents en apprentissage dans des fermes jurassiennes. Le réel y fournissait le scénario et le cinéma la mise en scène inspirée de cette réalité. Si le récit de Comme un lion aboutit dans cette région qui lui est chère – version urbaine ici, à l’ombre des usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard – et dont il est originaire, il s’aventure en d’autres terres puisque le récit débute en Afrique. Et de se frotter à la fiction et à un scénario basé sur une histoire vraie : footballeur des rues dans une petite localité du Sénégal, Mitri (Mytri Attal) rêve de l’Europe et de ses grands clubs.
En dehors de ces considérations footballistiques, Comme un lion relate aussi l’histoire d’un migrant comme un autre : une famille démunie qui se saigne pour envoyer l’un des siens de l’autre côté de la Méditerranée, des passeurs véreux et peu scrupuleux, la honte de l’échec et de la perspective d’un retour le bec dans l’eau. Autant de problématiques déjà largement traitées par le cinéma (citons par exemple Sombras d’Oriol Canals ou Après l’océan d’Éliane de Latour), auxquelles Comme un lion n’ajoute rien de substantiel. Ce qui surprend le plus est l’incapacité de Samuel Collardey à imprimer la moindre tension cinématographique, Comme un lion dégage au contraire l’impression d’un scénario filmé dans une sorte de platitude naturaliste – quant aux séquences de football, elles ne dégagent pas de relief particulier. Globalement, les quelques tentatives pour prendre en charge ce récit par la mise en scène dégagent un volontarisme pataud.
Le chapelet de situations et de personnages représente des blocs monolithiques : Mitri, tendu vers son but envers et contre tout, Serge (Marc Barbé), l’entraîneur rencontré par hasard, figure de substitution, être buté et malmené par la vie mais au grand cœur. On ne peut pas reprocher au cinéaste d’avoir été fidèle au récit dont il s’est inspiré – avec son happy end –, mais tout est ici rendu à l’état de passage obligé édifiant, dans un schématisme encombrant. Comme un lion fait entendre la petite musique que l’on doit rester fidèle à ses rêves, et que la lumière des projecteurs se trouve au bout du tunnel. On attend de Samuel Collardey bien plus que ce très maigre programme.