L’Apprenti est le premier long métrage de Samuel Collardey, diplômé de la Fémis et auteur du remarqué court métrage Du soleil en hiver (Grand Prix SACD à Cannes). Mathieu, 15 ans, dont la mère est ouvrière et le père absent, commence une période d’apprentissage dans la ferme de Paul, paysan du Haut-Doubs. Le film débute à l’arrivée du garçon à la ferme et s’achève sur son départ. Entre les deux, au contact de Paul, Mathieu aura appris le métier de paysan, fait de nouvelles expériences, grandi. La structure de ce film initiatique est classique, Mathieu, pas particulièrement attachant, parcourant les étapes attendues (les filles, les bières, le conflit avec la mère…). L’accès à la conscience de soi via la découverte du monde n’est pas vraiment ce qui frappe ici. Pour être central, ce qui se joue entre Paul et Mathieu ne donne lieu à aucune lourdeur : le cinéaste ne se préoccupe pas de dire s’il s’agit ou non d’une relation de substitution, il n’y a pas d’excès d’émotions. Quelque chose d’indéterminé se joue, au rythme des travaux à la ferme. Ce que l’on retient surtout du film est l’authenticité du portrait qu’il fait du monde rural. L’histoire de Mathieu est en partie autobiographique et le cinéaste l’a tournée dans la région où il a grandi. On sent pourtant aussi dans son regard la curiosité et l’attachement pour ceux qu’il filme. Les comédiens ne sont pas professionnels, Paul-personnage se confond même avec le vrai Paul, derrière un même visage charismatique. Tous parlent avec un accent fort, leurs activités manuelles, leur façon de vivre, semblent presque anachroniques. L’observation de ce monde par Collardey et la justesse avec laquelle il en rend compte permettent à L’Apprenti de proposer un univers particulier et original.