Guerres secrètes du FLN en France, dernier documentaire de Malek Bensmaïl (diffusé sur France 2 lors de la sortie de Hors-la-Loi de Rachid Bouchareb) se penche sur le combat mené par le FLN sur le territoire français lors de la guerre d’Indépendance. Histoire extraordinaire, puisque c’était alors la première fois qu’un combat était mené sur le sol ennemi, et histoire peu connue, tant en France qu’en Algérie.
Le film est divisé en chapitres, qui renvoient chronologiquement à différentes périodes de la guerre : la lutte fratricide entre le mouvement naissant FLN et celui, plus ancien et moins radical, du MNA (Mouvement National Algérien) ; l’action clandestine urbaine du FLN et la répression qui s’ensuivit sur l’ensemble de la population algérienne ; le soutien d’intellectuels français, indispensable à la victoire ; l’Indépendance. En alternance avec des images d’archives inédites, des acteurs de l’époque témoignent, face caméra et sur fond noir. Ils racontent des faits précis, datés, mais aussi les sentiments qui ont jalonné leur combat, les espoirs, les doutes, les joies. Par delà la donne historique, les émotions sont là et ils les laissent aller (un ancien membre du FLN semble se faire surprendre par ses larmes lorsqu’il évoque sa mère restée en Algérie et qu’il ne pouvait voir pendant la guerre).
Malek Bensmail n’intervient pas, ne pose pas de questions, n’oriente pas les récits. Il les accompagne tout de même en donnant des chiffres qui soulignent l’injustice de la répression du mouvement indépendantiste par le gouvernement français, qui traitait de la même façon fanatiques FLN et travailleurs musulmans. Le témoignage de Jacques Vergès, avocat du FLN de 1958 à 1962 avant de se faire suspendre de ses fonctions, est éloquent : selon des accords de Genève, la France n’avait pas le droit de condamner à mort les membres du FLN, ce qu’elle a pourtant fait. Si l’Indépendance a évidemment été accueillie dans la joie, les intervenants parlent aussi du sentiment de tristesse ressenti à l’idée de toutes les souffrances traversées pour obtenir ce qui n’était que légitime. Le film s’achève sur les propos d’une femme disant qu’elle ne se prononcera pas sur ce que la France a ensuite fait des algériens restés dans le pays. Belle occasion d’ouvrir l’Histoire sur une actualité.
Le spectateur lambda ne peut savoir ce qui relève ici de l’inédit, de la révélation. Mais grâce au soin qu’accorde Malek Bensmaïl à nous donner des repères, à nous guider, nous restons réceptifs à la somme d’informations qui nous est donnée, ainsi qu’à la composante humaine qui l’accompagne.